Vaut-il mieux agir ou penser ?

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L'analyse du professeur


La formulation de la question, en posant une alternative entre action et pensée, semble supposer que les deux sont exclusifs. C’est toutefois partiellement trompeur parce qu’il ne s’agit pas tant ici de réfléchir à la façon dont les deux s’opposent directement que de réfléchir à la portée respective de l’action et de la pensée pour essayer de savoir si les deux portent sur le même objet ou s’ils recouvrent des réalités différentes. Bref, ce sujet repose implicitement sur la possibilité de comparer action et pensée et d’évaluer leurs avantages et inconvénients rapportés aux mêmes types de situations. Or, cette comparaison semble difficile à mettre en place puisqu’il ne semble pas que la pensée et l’action aient la même vocation. C’est un peu comme s’il y avait un temps de l’action et un temps de la pensée sans que les deux ne soient comparables. Nous pouvons toutefois également remarquer qu’action et pensée sont parfois dans un rapport de rivalité, dans la mesure où la pensée diffère de l’action qui ne suppose pas une réflexion préalable, en conteste la pertinence, en dénonce l’approximation. La question se pose alors de savoir si la pensée s’offre toujours comme une solution, si elle est nécessaire et souhaitable dans tous les cas de figure. Autrement dit, peut-on rationaliser tous les faits comme s’ils pouvaient faire l’objet d’une réflexion préalable ? On se pose donc ici la question de la rationalité de ce qui est, et de la possibilité d’interroger les faits avec une grille d’analyse rationnelle. Le paradoxe repose donc implicitement sur le fait que l’homme est un être conscient, qui rationalise nécessairement son action et la traduit en termes rationnels, mais dont toute les actions ne peuvent être pensées, parce que l’urgence des situations exige souvent qu’il agisse sans réfléchir et vise au plus pressé.

[...]

Plan proposé

Partie 1

a

Nous pouvons partir du fait que l’action et la pensée ont des valeurs différentes qui ne sont pas nécessairement comparables : l’action vise à la transformation pratique du réel alors que la pensée porte sur l’analyse théorique des idées.

b

Si les deux procédés sont appliqués à la même chose, comme par exemple lorsqu’un homme réfléchit à ce qu’il doit faire, à la façon dont il doit agir, action et pensée semblent complémentaires mais n’ont pas de valeurs comparables puisqu’elles répondent à des objets distincts.

c

Dès lors, action et pensée ont une dignité égale, des valeurs comparables puisqu’elles ont tous deux des vertus propres.

Partie 2

a

Ce constat de départ conduit cependant à remarquer que la pensée s’offre comme une délibération indispensable à l’action bonne, délibération qui, en ce sens, semble plus puissante et plus profonde que l’action.

b

Dire l’inverse serait supposer qu’une action peut être meilleure si elle se dispense d’une délibération préalable, ce qui est évidemment aberrant si l’on songe au fait que la pensée enrichit l’action en offrant à l’homme le choix de plusieurs actions possibles. La valeur de la pensée est donc de permettre de trouver la meilleure action.

c

Cependant, cela ne permet pas de déclarer qu’il vaut mieux penser qu’agir, puisque l’action est tout aussi nécessaire que la pensée. Une pensée qui ne conduit pas à l’action, quand bien même elle envisage toutes les actions possibles, reste une pensée vaine.

Partie 3

a

En ce sens, si la pensée correspond bien à un pouvoir de délibération, ne faut-il pas en fait dévaloriser la pensée par rapport à l’action ? L’action a une valeur parce qu’elle conduit à décider des choix posés par la raison, sans se trouver affaiblie par le débat et la confrontation lente des opinions et des options possibles.

b

À l’inverse, la pensée entre souvent en contradiction avec elle-même, et ne parvient toujours pas à fonder rationnellement le choix.

c

Dès lors, il apparaît que l’action possède une efficacité propre qui la valorise pratiquement par rapport à la pensée.