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Il convient ici de réfléchir au lien qui peut unir les hommes. Nous pouvons penser que ce lien est totalement fortuit et artificiel, dans la mesure où la définition d’un homme et la réalisation des modalités de son existence ne semblent pas dépendre de la définition des autres ni des modalités de l’existence qu’il pourrait construire avec autrui. En effet, un homme se pense et se veut indépendant à l’égard des autres dans ses pensées et dans ses actions. Dès lors, s’il vit avec les autres, ce n’est pas nécessairement par plaisir, mais cela reste de l’ordre d’un nécessité factuelle, c’est-à-dire qu’il choisit de le faire parce qu’il comprend rationnellement qu’il a intérêt à le faire. Le problème que pose alors ce sujet est celui de savoir dans quelle mesure la société peut se penser autrement que comme une juxtaposition d’unités singulières, c’est-à-dire comme un ensemble d’individus réunis de façon factuelle sur un même territoire. Ce sujet repose ainsi sur un paradoxe. Il semble découler de la définition de l’homme comme individu indépendant que la société n’est qu’une addition d’hommes seuls qui coexistent sur un même territoire. Mais le fait de coexister implique plus qu’une juxtaposition, puisqu’ils doivent s’accorder sur des règles de vie commune, ce qui semble induire que la vie commune détermine des rapports plus profonds que des simples juxtapositions. Au nom de quoi déterminer alors les règles de la coexistence ?
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