Plan proposé
Partie 1
a
Il paraît, à première vue, évident que passion et raison se contredisent puisque la raison est raisonnable : elle engage l’homme à raisonner sur les fins souhaitables et bonnes, et le conduit à être tempéré et mesuré, c’est-à-dire intelligent dans son rapport aux choses.
b
En outre, la raison est rationnelle, c’est-à-dire logique. Elle permet de ne pas agir dans la précipitation du désir, de prendre du recul pour évaluer la façon la meilleure et la plus efficace de faire les choses.
c
En revanche, la passion est irrationnelle et déraisonnable : l’être passionné ne possède plus d’esprit critique et de mesure, il est soumis à ses envies et à ses pulsions.
Partie 2
a
Toutefois, cette opposition est insuffisante car il est évident que tout comportement passionnel utilise des moyens intelligents, rationnels, pour parvenir à maximiser les chances d’obtention des objets de désir. Ce n’est pas parce que la passion conduit à être fasciné par certaines choses qu’elle ne peut être pleinement rationnelle au sujet des moyens d’obtenir satisfaction.
b
En outre, il est possible de constater que la raison ne pose pas de fins par elle-même : elle est un pouvoir d’analyse logique et de calcul des conséquences, mais son usage reste suspendu à des fins qui sont bien celles de la volonté, c’est-à-dire du désir et de la passion.
c
Il convient ainsi de mesurer les conséquences de l’analyse précédente en nuançant le constat : la passion n’est que parfois déraisonnable, quand l’individu ne prend pas le soin de se comporter de façon intelligente et d’évaluer les risques impliqués par la réalisation de ses désirs.
Partie 3
a
Il découle de l’analyse précédente qu’il conviendrait de distinguer passion raisonnable et passion déraisonnable en fonction des cas particuliers. Autrement dit, la passion n’est pas forcément déraisonnable, car elle peut obéir à une logique (celle de l’égoïsme par exemple). Se pose alors la question de savoir s’il est possible de dire qu’une action passionnelle logique peut être déraisonnable.
b
Où se comprend alors la relativité du critère moral de jugement de toute action. En effet, la passion poursuivie de façon rationnelle n’est déraisonnable que par rapport à un critère relatif, qui veut par exemple que celui qui est égoïste nuit aux autres. Il n’y a donc pas de passion déraisonnable en soi, mais le caractère déraisonnable dépend d’un jugement de valeur qui pose qu’il est déraisonnable d’agir en nuisant aux autres par exemple.
c
En ce sens, il est possible de mettre en question un tel critère. Pourquoi serait-il déraisonnable, d’un point de vue strictement individuel, de penser que je préfère me sauver la vie que me sacrifier au profit de 10 autres personnes, étant donné que je pose ma vie en valeur absolue de mon jugement personnel ? Le caractère raisonnable de la passion n’est donc pas possible à déterminer de façon absolue et individuelle, en fonction d’un critère que partageraient tous les individus, et requiert un critère autre que moral, c’est-à-dire un critère politique, pour pouvoir être déterminé.