Suffit-il, pour être philosophe, de rejeter les opinions ?

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L'analyse du professeur


Si nous considérons que la philosophie est traditionnellement présentée comme un amour de la sagesse ou comme une recherche de la vérité, ce sujet est l’occasion d’élucider le rapport entre ces deux aspects de la définition de la philosophie. En effet, le philosophe se définit comme celui qui, au moyen du discours, cherche la raison d’être des choses et met en question les certitudes d’autrui. Il semble donc que le discours du philosophe se fonde d’abord sur une analyse critique qui met en question les opinions et les rejette au profit de démonstrations. Néanmoins, cette recherche de la vérité dans le discours n’est pas une fin en soi puisque le philosophe semble également être un professeur de sagesse qui permet à l’homme de comprendre les raisons de son agir. Le problème posé par ce sujet est donc de savoir dans quelle mesure le discours philosophique peut atteindre une vérité pratique, c’est-à-dire s’appuyer sur le rejet des opinions pour permettre la reconstruction d’un discours moral. Il y aurait donc un paradoxe sous-jacent. Si la recherche de la vérité a initialement pour but de fonder l’agir sur la connaissance des choses, elle confronte en fait bien souvent l’esprit humain à ses propres incertitudes, au point de détruire les préjugés et de placer l’homme dans une situation de perplexité et de méfiance qui favorise la prudence voire l’inaction (ou la procrastination). Comment alors espérer fonder la sagesse sur cette méfiance, attendu que l’action n’attend pas ? Ne faut-il pas plutôt s’éloigner de la quête de la vérité pour chercher à agir sans connaître, quitte à corriger ponctuellement les conséquences négatives de nos actions ?

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Plan proposé

Partie 1

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Il pourrait, de prime abord, sembler que le discours philosophique est un pur discours de rejet des opinions qui consiste à montrer l’insuffisance de preuve de ces opinions.

b

Dès lors, ce discours risque d’induire la paralysie de l’action, dans la mesure où il montre les insuffisances de celui qui cherche à agir dans l’urgence.

c

De façon plus générale, il est problématique de suspendre toute action à une délibération, puisque cette délibération ne pose pas simplement des réserves au sujet de ce qu’il faut faire : elle conduit à adopter une position critique qui découvre toujours des objections importantes empêchant toute action.

Partie 2

a

Toutefois, si le discours philosophique a pour fin de doter l’homme d’un esprit critique, il paraît nécessaire de ne pas interpréter l’esprit critique comme un simple esprit destructeur. La critique veut dire la capacité à trier des choix et à définir des priorités.

b

Dès lors, être critique, c’est se donner la capacité de choisir la moins risquée entre des actions possibles, c’est-à-dire tenter de bien agir en justifiant les raisons qui nous ont guidé.

c

La philosophie a donc pour but d’être responsable de soi, c’est-à-dire d’être en mesure de prouver par le discours que l’action effectuée était rationnelle et ne pouvait être plus prudente ou mesurée. La philosophie éduque donc l’homme à devenir un être moral en lui enseignant des valeurs rationnelles et raisonnables.

Partie 3

a

Toutefois, il serait faux de faire ainsi de la philosophie un enseignement qui formule des solutions pertinentes et guide systématiquement l’homme dans ses choix les plus individuels et les plus précis. Si la philosophie est utile et fait le sage, c’est parce qu’elle permet d’avoir une tête bien faite et non une tête bien pleine.

b

Le discours philosophique est donc un discours de responsabilisation de l’individu par rapport à ses propres principes : il instruit moins qu’il n’éduque, c’est-à-dire que le but de la philosophie n’est pas de prôner des valeurs mais de permettre à chacun d’évaluer ce qu’il doit faire et de justifier ce qu’il fait.

c

Dès lors, être philosophe, c’est non seulement rejeter les opinions au profit d’un savoir argumenté, mais surtout être capable de ne pas s’arrêter à des certitudes, quand bien même elles seraient argumentées, et de se questionner constamment sur la pertinence de ses propres choix.