Serait-il souhaitable que l’humanité parle une seule langue ?

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L'analyse du professeur


Si les hommes ont plusieurs langues, selon le mythe de tour de Babel, c’est qu’ils ont un jour voulu défier Dieu. La multiplicité des langues est donc une punition puisqu’elle sépare les hommes et les condamnent à ne pouvoir totalement se comprendre. Cependant, ce mythe est souvent interprété par les linguistes en sens inverse. En effet, traduire une pensée risque peut-être de la rendre obscure, mais peut aussi l’enrichir, lui donner un sens insoupçonné, la révéler plus qu’elle n’était en mesure de le faire initialement. Le problème que pose ce sujet est alors de comprendre ce paradoxe : la traduction des discours en plusieurs langues est-elle un handicap ou au contraire une richesse, attendu que le fait de traduire est à la fois une déviation du discours originel (et donc une réduction) et une addition de sens à ce discours (et donc une amélioration) ?

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Plan proposé

Partie 1

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En repartant tout d’abord du mythe de la tour de Babel, nous pouvons juger que la multiplicité des langues est un inconvénient pour les hommes car elle source d’incompréhensions, et oblige à une traduction toujours imparfaite, une traduction du message d’un locuteur.

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Elle est en outre source de conflits, puisque la nécessité de traduire les mots, et de comprendre les discours retarde l’urgence du discours et laisse se développer les erreurs d’interprétations et de compréhension.

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Enfin, la traduction semble se heurter à l’épaisseur des différences culturelles, c’est-à-dire à la difficulté de concevoir, dans une culture et des références culturellement différentes, la signification et les implicites d’un discours.

Partie 2

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En outre, ce conflit social et politique des interprétations, conflit qui découle nécessairement du jeu de la multiplicité, se retrouve peut-être au niveau même de la structuration de nos pensées. Nous pouvons en effet nous interroger sur le pouvoir des mots, qui véhiculent plus que des interprétations et appellent la structuration d’un raisonnement dans l’esprit humain.

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Dès lors, il serait peut-être possible de penser qu’une seule langue permettrait de se comprendre mieux soi-même et d’être plus efficace dans le partage des idées et des solutions avec les autres, parce que l’esprit a ainsi une seule voie de raisonnement et un seul rapport entre la théorie (les idées) et la pratique (les expériences).

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La langue unique renforcerait ainsi la cohérence de la pensée et la cohésion entre les hommes dans tous les domaines.

Partie 3

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Néanmoins, à l’inverse, la traduction du discours et de la pensée peut également revenir à diminuer la richesse des pensées. Comment en effet expliquer que certains mots n’existent pas dans toutes les langues sinon par le fait que le changement de langue n’est pas qu’un handicap ?

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Il convient en ce sens de réfléchir à cette diversité pour montrer que le souhait de l’unicité n’est pas forcément un gain et qu’il en va de la sauvegarde de l’ouverture d’esprit et des cultures que de conserver les différences linguistiques.

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Enfin, la diversité des langues permet également de fédérer des identités fortes, qui ne doivent pas nécessairement être perçues comme des identités fermées aux autres cultures, mais sont aussi les moyens de s’attacher à des cultures et de construire des sociabilités nécessaires, dans un contexte de mondialisation qui brouille de plus en plus les repères des individus.