Plan proposé
Partie 1 : La mort révèle la quintessence de la vie.
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La mort révèle la fragilité de la vie, qui peut cesser à tout instant. La valeur de la vie se donne ainsi à celui qui la sait menacée, comme la valeur de toute chose rare devenant de fait précieuse.
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La particularité de la valeur de la vie est toutefois qu’elle apparaît comme essentielle, non seulement parce que la vie est la condition de tout le reste, mais parce que la vie est une puissance qui écarte une mort certaine, inscrite au principe même de chaque élément la constituant. Jean Claude Ameisen, dans La sculpture du vivant : la mort est une possibilité biologique imminente, dans laquelle l’homme la vie apparaît ainsi plutôt comme une réussite exceptionnelle contre la fatalité biologique, impliquant une énergie de recréation inédite, au fond de laquelle réside le mystère du vivant.
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La mort ne triche donc pas, et détourne l’homme de sa vanité, puisqu’il découvre ainsi qu’il ne peut se soustraire à la fatalité qui le touche. Nul artifice technique, nulle volonté de maîtrise, ne peut donc échapper à la mort, qui rend ainsi l’homme à son authenticité. Heidegger, Etre et temps. L’être pour la mort redécouvre le sens caché de l’existence, jusqu’à présent recouvert par l’inauthenticité de l’illusion de la maîtrise technique.
Partie 2 : La mort, une loupe déformante.
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La peur de la mort abolit toutefois la rationalité et la distance du discernement. Le presque mort, qui se néantise en songeant qu’il peut n’être plus, se concentre sur ce qui lui paraît essentiel, et devient fragile dans la conscience qu’il a de lui-même, puisqu’il n’accorde plus de valeur qu’à ce qu’il croit être bon.
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Plus gravement, la mort se cache derrière la gravité et le sérieux de la pensée qui pense dire vrai. Fermeture à la nécessaire distance critique, à la lucidité d’une conscience sereine de soi, elle s’affirme pourtant en sens inverse, en voulant objectiver la destruction du moi. Pourtant, cette conscience est absurde : comme le montre Epicure, dans la Lettre à Ménécée : la mort est un faux problème, puisqu’elle est exclusive de la conscience, et la crainte ne peut se fonder que sur l’imagination d’une réalité qui n’existe pas.
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Négativement, la mort indique pourtant où chercher la vie : dans ce qu’elle ne dit pas. La vie se situe en effet dans l’instant, dans l’extrême présent que valorise Jankélévitch, en montrant que la mort est factice, puisqu’elle place l’homme en dehors de la seule chose qui lui soit propre : son immédiateté fugace.
Partie 3 : L’absurdité de la mort.
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Il ne peut donc y avoir qu’illusion dans la conscience de la mort : tel Meursault, dans L'étranger, l’imminence de la mort renvoie l’homme à l’absurdité de son existence, en lui montrant non seulement que tout ce qu’il a fait va disparaître, mais que tout cela n’avait de sens que pour lui-même, au regard de sa conscience présente.
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Face à ce vide, la mort ne peut alors être qu’une libération, celle que ressent encore une fois Meursault dans la scène finale, après le départ de l’aumonier. La conscience de la mort libère de la vie et de son souci, en montrant que cette vie ne valait pas la peine d’être vécue.
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Ultimement néanmoins, à l’image de Rilke, qui supplie : « Seigneur, donne à chacun sa propre mort », la mort n’a de sens que pour celui qui en prend conscience pour lui-même : la mort est donc purement personnelle, et abolit le sens communicable. La mort enseigne donc la solitude, puisque l’homme se trouve seul, sans pouvoir en dire le sens à tout autre que lui-même, et sans même être sûr qu’il en découvre un sens signifiant pour lui-même.