L'analyse du professeur
Le problème posé par ce sujet touche à la confrontation entre la conscience et l’inconscient. Les deux paraissent évidemment s’exclure et le rapport de force semble se jouer à la faveur de l’inconscient qui jouerait, en deçà de la conscience, un rôle de manipulation. Dès lors, si la conscience paraît bien être une capacité innée que l’homme peut cultiver en développant une attention redoublée pour ce qu’il est et devient, l’inconscient paraît toujours profiter des faiblesses constitutives de la conscience et lui ôter toute force et tout crédit. Il semblerait alors que l’homme inconscient n’est jamais vraiment inconscient par lui-même et n’est pas responsable de son inconscience.
Néanmoins, si l’on accorde le fait que la conscience se cultive ou se travaille, peut-être est-on, à l’inverse, fondés à penser que celui qui est inconscient l’est également en partie par sa faute dans la mesure où il ne s’oblige pas assez à penser, à s’interroger, et à interroger le monde. Dès lors, une tension apparaît dans ce sujet et il va s’agir de comprendre le rôle de la conscience et ses possibilités pour essayer d’évaluer ce qu’elle peut devant le fonctionnement de l’inconscient.
[...]
Plan proposé
Partie 1
a
L’évidence semble pousser tout d’abord à montrer que l’inconscient n’est pas responsable de ses actes. En effet, l’inconscience est à la fois un défaut de connaissance,
b
une incapacité à maîtriser son fonctionnement psychique
c
et une impossibilité à prévoir ce qui est engagé par ce que nous faisons.
Dès lors, celui qui est inconscient n’est responsable ni de ses actes, ni de ses paroles, ce qui conduit à penser que l’on ne peut rien lui reprocher.
Partie 2
a
Néanmoins, il est également à supposer que celui qui est inconscient n’est pas non plus parfaitement ignorant du sens des actes que son inconscient le pousse à faire, au moment même où il effectue ces actes. En ce sens, si la responsabilité de la décision semble difficilement imputable à celui qui est inconscient, son comportement, comme irréfléchi et anormal, reste en partie sous son emprise,
b
ce qui conduit à penser que celui qui est victime de son inconscient n’est pas assez vigilant dans son action elle-même puisqu’il se laisse dominer par les exigences pulsionnelles et instinctives qui s’expriment en lui.
c
Ainsi pouvons-nous considérer que celui qui est le jouet de son inconscient ne l’est jamais totalement par hasard, en raison même de sa fragilité morale.
Partie 3
a
Ce constat revient alors à supposer que l’influence de l’inconscient sur la conscience dépend de la façon dont un individu s’éduque et se développe. On peut donc reprocher à celui qui n’a pas appris à éviter l’emprise de son inconscient qu’il ne sait pas suffisamment distinguer le bien et le mal et agir moralement en respectant des valeurs qu’il a faites siennes.
b
Plus exactement, il semble même apparaître que la maîtrise de l’inconscient dépend également d’une maîtrise intellectuelle de soi qui n’est pas seulement morale puisqu’il s’agit d’exercer un regard critique sur le lien entre la raison (qui analyse) et la volonté (qui décide).
c
Dès lors, celui qui subit son inconscient devient responsable de ne pas se maîtriser et se connaître, c’est-à-dire de ne pas adapter ses principes à sa nature et ne pas lutter contre les défauts de son psychisme.