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La mort oblige l’homme à concevoir sa fin dans l’existence, tant sur un plan physique que moral, ce qui implique donc non seulement la conception rationnelle des causes qui peuvent conduire un organisme à ne plus pouvoir vivre, mais en outre l’appréhension morale des raisons pour lesquelles la vie consciente cesse (pourquoi mourir ?) et de l’état de négation ultime du soi (comment se représenter le fait de ne plus pouvoir être ?). En ce sens, il semble que la mort physique abolit tout discours, qu’il n’est pas possible d’en parler parce que la vivre signifie ne plus être. La mort ne pourrait donc rien nous apprendre puisque nous ne pourrions la vivre. Toutefois, tant au plan de ses causes physiques qu’au plan de ses raisons morales, la mort reste concevable. Elle est la représentation négative de la fin de la vie, c’est-à-dire la représentation de ce qui peut détruire l’équilibre physiologique, et de la fin de tout ce qui fait la valeur d’une existence. En ce sens, la mort semble nous apprendre ce qu’est véritablement la vie, et indirectement qu’il faut vivre et profiter de ce que l’on vit tant qu’il est possible de le vivre. Il y a donc une forme de contradiction entre l’impossibilité de concevoir positivement la mort et la force morale d’une pensée de la mort qui donne tout son sens à ce qui est vécu.
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