Peut-on se fier à l’autorité d’autrui sans tomber dans le préjugé ?

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L'analyse du professeur


Le problème soulevé ici est ancré dans le constat de la faiblesse de la raison en l’homme. La façon dont l’homme use de sa raison est en effet paradoxal. D’une part, un homme seul ne peut construire de connaissance tant parce qu’il dépend des connaissances qu’il reçoit des autres que parce qu’il collabore avec les autres pour construire et valider ses propres connaissances. Mais d’autre part, la confiance qu’il accorde aux autres semble elle-même problématique puisque le fait de ne pouvoir vérifier les connaissances des autres semble le condamner aux préjugés. L’enjeu est ici de montrer que nous avons, en tant qu’êtres rationnels, un devoir de critique dans toute constitution de connaissance, c’est-à-dire que nous devons toujours nous demander quelle est la légitimité des idées qui sont avancées lorsque ces idées nous sont pas construites par un raisonnement qui nous est propre mais sont acquises par le mode de l’apprentissage passif.

[...]

Plan proposé

Partie 1

a

Il convient d’abord de remarquer que les vérités qui nous viennent de l’autorité intellectuelle d’autrui sans examen critique ne sont admises comme vraies que pour des motifs personnels (le statut de la personne qui les édicte et la confiance qu’on lui accorde).

b

Ce ne sont donc pas des raisons intellectuelles ou rationnelles qui nous permettent d’admettre ce que pense autrui et nous nous trouvons dans un rapport intuitif de confiance qui ne permet pas de distinguer la validité de ces connaissances.

c

Dès lors, ces connaissances ne sont que des préjugés qui ne sont pas fondés sur une argumentation que nous possédons, et nous ne possédons aucun critère nous-mêmes pour les argumenter ou les juger.

Partie 3

a

Néanmoins, en accordant notre confiance à autrui, nous n’accordons pas notre confiance à n’importe qui puisque nous ne le faisons qu’en fonction de la personne qui nous transmet la connaissance, c’est-à-dire en fonction du fait que nous avons pu nous convaincre auparavant de la validité ou de la solidité intellectuelle de celui que l’on croit.

b

Dès lors, il s’agit peut-être d’un préjugé mais en un sens positif du terme, c’est-à-dire au sens d’une chose qui a été jugée par un autre que nous qui est digne de confiance.

c

En ce sens, nous pouvons faire confiance à autrui sans tomber dans le préjugé, pour peu que le jugement que nous avons d’autrui nous donne suffisamment de garantie que cette personne est compétente et ne cherche pas à nous tromper.

Partie 3

a

En outre, il apparaît que nous n’accordons notre confiance à autrui qu’en tant que notre raison est impuissante à atteindre immédiatement ce dont elle a besoin, c’est-à-dire ne possède pas la compétence requise pour se prononcer par elle-même.

b

Dès lors, nous n’avons recours à l’autorité d’autrui qu’à partir des attentes de notre propre raisonnement et nous sommes au moins capable d’évaluer le raisonnement d’autrui par rapport à ce que nous savons déjà et en fonction des hypothèses les plus probables que nous pouvons déjà formuler par nous-mêmes.

c

Ainsi, se fier à l’autorité d’autrui ne conduit au préjugé que si nous y sommes déjà et que nous ne demandons à autrui son avis pour nous en sortir.