Peut-on éviter l’anthropomorphisme ?

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L'analyse du professeur


Afin d’élucider le sens de ce sujet, il convient de se poser la question de la nature et de l’origine de l’anthropomorphisme. Si nous définissons l’anthropomorphisme comme une pensée qui prend l’homme comme modèle et référent, il semble possible de dire que nous pouvons très bien penser autrement qu’à partir de l’homme, c’est-à-dire que nous pouvons penser différemment de l’homme en prenant des objets non humains pour centres d’intérêt. Cependant, la complexité de ce type de pensées qui cherchent à se démarquer du modèle humain est qu’elle se font toujours à partir de la pensée humaine. Autrement dit, ces pensées reviennent à soumettre les choses à une grille de lecture proprement humaine, c’est-à-dire à des catégories de pensée et des raisonnements logiques fondés sur les propriétés de l’esprit humain. Bien que moins directement, l’homme sert encore de référence et de modèle. Le problème qui se pose est donc celui la forme humaine de nos cadres de pensée. Ainsi, le paradoxe de ce sujet semble-t-il venir du fait que nos pensées, qu’elles prennent l’homme pour objet ou non, restent inféodées à un référent humain parce qu’elles sont toutes composées selon les propriétés de l’esprit humain.

[...]

Plan proposé

Partie 1

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Il est tout d’abord possible de mettre en valeur ce paradoxe propre à la forme de la pensée. En effet, nous pouvons chercher à éviter l’anthropomorphisme puisque nous n’assignons pas nécessairement un sens humain à chaque chose.

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Néanmoins, la forme même de notre pensée reste humaine puisque nous mesurons les choses au moyen de nos idées.

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Nous ne pouvons donc pas éviter l’anthropomorphisme dans la mesure où nous pensons toute chose à notre mesure. Ce réflexe se fonde donc sur notre grille d’interprétation du monde.

Partie 2

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Toutefois, cela ne signifie pas pour autant que nous ne sommes pas conscients de la nécessité de respecter la nature des choses. En effet, il serait faux de vouloir déduire, de la seule forme de notre conscience, l’existence de toutes les choses, ce qui revient à dire que nous évitons l’anthropomorphisme en refusant d’accorder une valeur objective à nos interprétations du monde.

b

Cela nous permet donc de mettre en lumière le fait que la conscience n’est qu’une interprétation humaine des choses et que la vérité n’est que relative à notre pensée.

c

Nous évitons donc l’anthropomorphisme de façon négative, en n’accordant pas de valeur de vérité absolue à notre discours sur la nature des choses.

Partie 3

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À cet égard, un doute assez profond semble toucher notre mode de pensée. En effet, le fait même de prétendre connaître les choses induit un anthropomorphisme de principe qui dévalorise notre connaissance au point de poser la question de savoir si nous ne devons pas chercher positivement à éviter l’anthropomorphisme.

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Cela signifierait alors que nous pouvons peut-être éviter l’anthropomorphisme en cherchant à revenir à ce qui conditionne notre pensée, à savoir notre rapport sensoriel au monde. Autrement dit, nous ne pouvons appliquer au monde la forme humaine de notre pensée qu’à partir du moment où le monde s’est donné à nous et à notre corps, et nous a permis de nous définir comme homme.

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Éviter l’anthropomorphisme est donc possible à la condition de relativiser notre conscience intellectuelle humaine pour montrer qu’elle est une chose parmi les autres et qu’elle ne fait qu’exprimer subjectivement et rationnellement des choses qui existent indépendamment de notre pensée et que nous ne pourrons jamais connaître autrement que sur le mode sensoriel et non conceptuel.