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Dans le Gorgias, Platon aborde le problème de savoir dans quelle mesure la rhétorique peut servir l’homme. En s’entretenant avec Gorgias, après avoir réfuté les points de vue de Calliclès et de Pollos, il en vient à reconnaître que l’art de persuader peut être dangereux, si l’orateur ne poursuit pas le bien et ne cherche pas à agir en fonction d’une fin bonne. Platon et Gorgias semblent ainsi reconnaître qu’il est possible de démontrer tout et n’importe quoi, et que le langage est un outil particulièrement redoutable parce que pouvant servir à tout démontrer. Est-il toutefois si certain que l’on puisse démontrer n’importe quoi ? Le paradoxe de ce sujet semble reposer sur le fait que l’acte de démontrer suppose une rigueur et un talent d’analyse peu compatible avec l’idée de « n’importe quoi ». Plus précisément, si la vérité d’un discours dépend de sa capacité à atteindre quelque chose de réel et d’indubitable, il semble difficile de dire que l’on peut démontrer n’importe quoi, puisque ce qui existe et est réel n’est justement pas tout et n’importe quoi. Le problème qui se trouve posé est alors celui de la vérité, et plus précisément celui de savoir jusqu’à quel point le maniement des mots peut se trouver corrigé et jugé au regard d’un critère objectif, permettant de sortir de l’incertitude et des tromperies du vocabulaire. Nous nous attacherons tout d’abord à montrer que l’on ne peut démontrer n’importe quoi, puisque le discours démonstratif n’est efficace qu’à la condition de désigner objectivement ce qu’il entend démontrer. Nous constaterons toutefois que ce critère de vérité du discours démonstratif est relatif à la façon dont nous possédons un sens du vrai, et qu’il n’est pas évident que le vrai puisse être objectif. Nous serons alors conduits à mettre en question les critères du vrai, pour montrer qu’il est fort possible de démontrer n’importe quoi, à la condition toutefois que la chose démontrée soit cohérente avec une représentation plus globale.
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