Plan proposé
Partie 1 : La philosophie de l’histoire est inhérente à la raison humaine.
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La politique ne doit-elle pas renoncer à se fonder sur une philosophie de l'histoire, et, La référence de MP est ici implicite : elle désigne la façon dont Hegel a pu chercher, notamment dans les derniers paragraphes de son livre Les principes de la philosophie du droit, à montrer que toute construction des lois révèle la rationalité de l’histoire, c’est-à-dire montre de quelle manière les hommes en viennent à rationaliser leurs rapports, et à poser des normes de reconnaissance de leurs droits et de leurs êtres qui dépassent la conscience subjective pour accéder à une moralité objective exprimant la rationalité du réel. MP sous-entend qu’un tel projet a connu un échec, c’est-à-dire que le droit ne peut pas prétendre dire la vérité de toute existence, dont la manifestation ne peut se réduire au développement d’une essence rationnelle.
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prenant le monde comme il est quels soient nos vœux, nos jugements ou nos rêves, définir ses fins et ses moyens d'après ce que les faits autorisent?
La critique de MP à l’égard d’une philosophie rationnelle du droit s’exprime ici par l’inversion de la démarche de fondation des lois. MP affirme en effet qu’il faut partir des faits tels qu’ils apparaissent et se manifestent à nous, et nous de la raison et de la façon dont elle décode le monde. La rationalité juridique serait enfermée dans une conception inauthentique du monde, et imposerait au réel une forme qui ne lui correspond pas.
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Mais on ne se passe pas de mise en perspective, nous sommes, que nous le voulions ou non condamnés aux vœux, aux jugements de valeur, et même à la philosophie de l'histoire.
Cependant, le rapport entre la raison et l’existence nous oblige à reconnaître que nous ne nous contentons jamais du monde tel qu’il nous apparaît et s’impose à nous : nous avons toujours tendance à construire des jugements de valeur, qui expriment la manière dont nous aimerions que les choses soient. Notre tendance à construire une représentation de l’histoire, aussi inauthentique soit-elle, est inéluctable. Comment alors peut-on lutter contre les illusions dont la raison pourrait être victime ?
Partie 2 : Affirmer la raison dans l’histoire revient à défendre la liberté de l’homme.
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On ne remarque pas assez après avoir démontré l'irrationalité de l'histoire, le sceptique abandonne brusquement ses scrupules de méthode quand il vient aux conclusions pratiques.
MP veut pour preuve de l’impossibilité de lutter contre le travail de la rationalisation du monde l’attitude du sceptique. Ce dernier en effet, malgré la puissance de sa critique de la fiabilité de la raison (le sceptique professe un doute fondamental à son égard), ne peut s’empêcher en pratique de lui faire confiance, et d’accorder une validité minimale aux informations qu’elle produit. Autrement dit, le sceptique continue de croire que sa représentation rationnelle éclaire le monde, et il agit en fonction de ce qu’il comprend (sans quoi il serait purement paralysé).
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Il faut bien pour régler l'action, considérer certains faits comme dominants et d'autres comme secondaires. Si réalistes qu'elles se veuillent et si strictement fondées sur les faits, une politique sceptique est obligée de traiter au moins implicitement certains faits comme plus importants que d'autres et,
Plus profondément même, l’exemple du sceptique montre que sa rationalisation des faits est également une rationalisation de valeurs : il ne peut s’empêcher en effet de hiérarchiser ses représentations du monde, et d’agir en fondant la valeur des choses en fonctions de ses informations rationnelles. Une politique sceptique est donc obligée de considérer que le réel correspond au moins en partie au rationnel.
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dans cette mesure, elle renferme une philosophie de l'histoire honteuse, vécue plutôt que pensée, mais non moins efficace (...). Dans le fait, le scepticisme historique est toujours conservateur (...). Sous prétexte d'objectivité, il fige l'avenir, il retranche de l'histoire le changement et les volontés des hommes (...)
La critique de MP à l’égard du sceptique parvient dès lors à y déceler un conservatisme refoulé : loin d’être celui qui est capable de tout critiquer et remettre en doute, le sceptique est en fait celui qui paralyse toute innovation et tout progrès rationnel, pour rester campé sur sa manière de faire, et sur la confiance cachée qu’il accorde à sa raison.
Partie 3 : Être libre, c’est affirmer des valeurs.
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Si nous voulons être vraiment dociles aux faits et pleinement réalistes, il nous faut rejeter tous les postulats, toute philosophie à priori de l'histoire, mais en particulier ce postulat du scepticisme que les hommes se conduisent toujours sottement, dominés par le passé et par les causes extérieures, ou menés par quelques habiles, qui les connaissent, à des fins ignorées d'eux.
La critique du scepticisme indique ainsi le véritable défi du progrès politique : être en mesure de justifier des valeurs, de les affirmer et de les défendre. Ce défi revient à une philosophie de la liberté (réciproque philosophique de la littérature de l’engagement, contemporaine de l’écriture de MP), se battant pour affranchir l’homme de ce qui le détermine. L’homme doit donc à la fois refuser le stoïcisme (prétendant que rien ne dépend de l’homme) et le scepticisme (invalidant radicalement la position de la raison).
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Il n'y aurait pas d'histoire si tout avait un sens et si le développement du monde n'était que la réalisation visible d'un plan rationnel; mais il n'y aurai pas d'avantage d'histoire, - ni d'action, ni d'humanité -, si tout était absurde(...).
La philosophie de la liberté que défend MP est un combat contre le risque de l’absurde, un combat contre la tentation du nihilisme de celui qui accepte l’absurde. Autrement dit, contre la résignation de l’impuissance (je ne peux rien faire parce que ma volonté et ma raison sont impuissantes), l’homme se doit de se battre, en théorie comme en pratique, c’est-à-dire défendre la valeur de ses idées, et se battre pour les faire appliquer.
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Notre seul recours est dans une lecture du présent aussi complète et aussi complète que possible, qui n'en préjuge pas le sens, qui même reconnaisse le chaos et le non sens là où ils se trouvent, mais qui ne refuse pas de discerner en lui une direction et une idée, là où elles se manifestent.
Il ne faut toutefois pas perdre de vue que la philosophie de la liberté est toujours habitée du doute et de la mesure, de la conscience de sa fragilité et de ses limites. Autrement dit, l’affirmation des idées et des valeurs dépend toujours d’une défense critique, et ne peut s’affirmer sans prendre conscience de la relativité des valeurs, et de la possibilité qu’elles soient fausses. La lutte de l’homme est donc une lutte désespérée contre le chaos (à la manière de Sisyphe, qui ne cesse pas de pousser toujours le même rocher), qui ne sera jamais vaine tant que l’homme y verra une façon de ne pas se résigner.