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De tout ce qui existe et selon tous les modes en vertu desquels il est possible de dire d’un être qu’il existe – l’être et l’existence formant un couple topique de la pensée traversant l’histoire de la philosophie – Merleau Ponty dégage deux sens majeurs selon que l’existence s’applique à l’être d’une « chose » ou à celle d’une « conscience ». Le problème soulevé dans le texte ici soumis à notre étude surgit d’une interrogation portant sur les modalités d’existence du corps propre, et peut être reformulé ainsi : de quelle manière peut-on dire du corps qu’il existe et notamment pour quelles raisons son existence nous apparaît-elle d’emblée comme ambiguë ? En effet, à suivre la distinction initiale – exister en tant que corps ou exister en tant que conscience – l’existence du corps exige pour être insérée ou non à l’intérieur de ces catégories, une réflexion sur sa spécificité, laquelle engage véritablement un retour à l’expérience même que nous faisons, quotidiennement, de notre corps. La thèse structurant le passage, et qui commande entièrement l’investigation des modalités propres à la corporéité, peut se résumer ainsi: le corps n’est pas un objet. De cette intuition première Merleau Ponty en tire deux conséquences philosophiques majeures : le corps ne se donne pas à moi comme un objet lorsque je l’éprouve, mais il ne se laisse pas non plus saisir comme tel lorsque je cherche à le penser. Ces deux versants de l’analyse apparaissent clairement et successivement dans ce texte qui articule deux phases argumentatives. Ainsi MP commence-t-il par interroger les difficultés d’une pensée du corps propre, pour déduire dans un deuxième temps la nécessité d’un autre moyen d’accès à sa singularité, lequel mime en vérité l’objet même qu’il était impossible de penser, puisque MP défend in fine une saisie du corps par et du sein même de l’expérience du corps. Par son sujet même, la forme que prend la réflexion au regard des questions que MP adresse au corps qui résiste aux différentes mises en forme réflexives, ce texte représente une étape majeure dans la conception de la phénoménologie.
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