Le temps est-il la limite de l’homme ?

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L'analyse du professeur


La question est ici de savoir dans quelle mesure la conscience du temps agit comme un obstacle pour l’homme. Le problème visé ici est celui de la finitude de l’homme, c’est-à-dire des limites que rencontrent sa puissance d’action et son pouvoir de pensée. Autrement dit, lorsque l’on parle du temps, on parle de la conscience que l’homme a de son action, c’est-à-dire de la représentation qu’il se fait de son être tel qu’il évolue dans l’espace. Deux constats sont à tirer de cette conscience du temps : celui d’une limitation dans la connaissance et dans l’action, et celui de la possibilité de se projeter dans le temps à partir du vécu. De ces deux constats se tire tout l’intérêt de la réflexion. En effet, ce que l’on demande ici revient à savoir lequel de ces deux constats prend le pas sur l’autre. Si l’on décide de faire primer le premier, on accorde que l’homme n’a jamais de possibilité d’action infinie car son temps est toujours limité (et notamment pas la mort) : le temps agit donc comme une limite indépassable. En revanche, si on choisit de penser le temps comme la possibilité d’une représentation de soi qui s’affranchit du présent en projetant son passé dans le futur (à la mesure de soi et de l’humanité), on en arrive à comprendre que le temps est justement un infini en l’homme qui, loin de le limiter, lui permet au contraire de se porter à la mesure de l’univers.

[...]

Plan proposé

Partie 1

a

Nous pouvons partir de l’expérience de la finitude pour montrer que le temps limite indéfectiblement un homme puisqu’il s’impose objectivement à lui. L’homme est obligé à se plier à un rythme de la nature, qui conditionne tous les êtres et le conditionne lui-même comme corps.

b

En outre, sa conscience est elle-même limitée dans le temps : il ne peut se projeter indéfiniment et ne pet prévoir tout ce qui va arriver dans le temps.

c

Enfin, le temps est également l’ennemi de la mémoire : l’érosion du temps qui passe fragilise sans cesse l’être humain qui se trouve paradoxalement en déficit de souvenirs (il ne se souvient pas de tout) et englué dans le passé (certains souvenirs l’emprisonnent et l’empêchent de vivre peinement le nouveau).

Partie 2

a

Toutefois, il est possible de dépasser ce constat pour montrer que l’homme a une conscience intime du temps qui lui permet de s’élever au-dessus de son cours implacable. Il peut en effet voyager dans le passé et y trouver les souvenirs nécessaires pour relativiser le présent.

b

Il peut en outre opérer des choix dans le présent, parce que sa conscience lui permet de concevoir les causes qui le déterminent. À la différence d’un animal qui ne possède pas une telle conscience, l’homme peut ainsi différer son action, l’accélérer, ou la suspendre, en s’affranchissant ainsi de la causalité immédiate du temps.

c

Enfin, il peut dépasser l’expérience malheureuse d’un temps objectivement incontrôlable pour se projeter au-delà du présent vers un avenir plus serein.

Partie 3

a

Plus profondément, la conscience du temps et dans le temps montre à l’homme qui ne vit pas seul et qu’il fait partir d’une humanité qui se perpétue dans le temps (de ses aïeux à ses descendants).

b

Cette conscience lui offre la possibilité d’un dépassement de soi : il sait ainsi qu’il ne vit jamais seul et peut se penser comme membre d’une humanité qui transcende le temps.

c

Loin d’être une simple limite, le temps est donc un processus dialectique par lequel l’homme s’affranchit de ses propres limites individuelles.