La science nous apprend-elle ce qu’est le réel ?

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L'analyse du professeur


Ce sujet met en question la capacité pour la science à éclairer notre vision et notre interprétation du monde. Ce qui fait la force de la science moderne est l’idée selon laquelle "la nature est écrite en langage mathématique" (Galilée). Il s’agit alors de dire que les lois de la nature sont les mêmes que les lois de l’esprit dans la mesure nous parvenons à réduire la diversité observée par à nos sens à des lois rationnelles qui s’offrent comme autant de référents logiques d’analyse des faits. Autrement dit, nous pouvons trouver l’ordre du monde grâce à des théories rationnelles qui permettent d’interpréter le monde en corroborant les théories avec des expériences précises des faits. Cette fondation de la science moderne consiste en ce sens à dire que le réel est simplifié parce que la diversité contradictoire éprouvée par les sens est ramenée à l’unité formulée par les lois logiques de l’esprit. En revanche, la raison se trouve singulièrement complexifiée en ses opérations car elle doit assumer la mise en ordre et la compatibilité entre les différentes lois. Le système rationnel nécessite donc des opérations complexes d’ajustement des interprétations pour savoir si les théories formulées sont valides ou ne sont pas, au contraire, des simples hypothèses probables mais dont la pertinence ne reste que logique (l’expérience ne permettant pas de les valider ultimement puisque les différentes théories scientifiques, désormais, reposent sur des faits identiques en en proposant des lectures différentes). Ce sujet invite donc à réfléchir à la tendance de la science moderne à réduire la part de l’expérience pour accroître celle des hypothèses probables qui nous détachent de plus en plus du réel. La complexité de la raison qui a la prétention d’imposer ses lois au réel relève-t-elle d’une exigence légitime ou est-elle indue ?

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Plan proposé

Partie 1

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Nous pouvons tout d’abord partir du pouvoir explicatif de la science. La science nous apprend ce qu’est le réel car elle part d’un questionnement suscité par l’expérience des choses

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pour formuler des hypothèses d’explication

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qui seront validées par des protocoles expérimentaux et traduites sous la forme de lois scientifiques.

Partie 2

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Cependant, l’évolution de la science moderne paraît la détacher de plus en plus de l’expérience simple du monde que nos sens nous livrent. En effet, la complexification croissante des explications produites,

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la diversification des objets de recherche qui ne concernent plus directement les choses que nous percevons du réel au moyen de nos sens

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et la difficulté de vérification des hypothèses scientifiques semblent rendre la science de moins en moins réaliste, dans le sens où elle paraît de plus en plus éloignée du regard que l’homme du commun porte sur le réel.

Partie 3

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Néanmoins, cette hyperspécialisation de la science peut apparaître comme paradoxale puisque l’hermétisme de la science s’accompagne d’une volonté de maîtrise du réel qui est incontestable. En effet, d’une part, la science revendique de moins en moins le fait de détenir une vérité absolue, c’est-à-dire de nous apprendre ce qu’est théoriquement le réel puisqu’elle sait pertinemment que ses hypothèses ne sont que des interprétations possibles dont elle n’aura peut-être jamais la vérification parfaite.

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Mais, d’autre part, la science permet de plus en plus d’applications techniques qui assurent indirectement le rapport entre la théorie et le réel.

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Dès lors, si la science nous apprend ce qu’est le réel, c’est en tant qu’elle nous apprend à pratiquer le réel sans plus chercher à nous faire comprendre ultimement ce qu’est ce réel par lui-même.