L’homme est-il un animal politique ?

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L'analyse du professeur


Cette question est directement liée à l’affirmation d’Aristote dans Les politiques : « l’homme est un animal politique ». Elle pose le problème de savoir si l’homme a pour condition de son développement l’existence avec les autres. En quelque sorte, il s’agit d’interroger la définition de l’homme pour parvenir à comprendre si nous pouvons le penser de façon individuelle ou autonome, ou si au contraire nous sommes obligés de le penser comme un être ayant besoin fondamentalement des autres pour devenir lui-même. Le paradoxe de ce sujet consiste à remarquer que tout homme se définit par une conscience de soi qui le démarque à la fois des autres choses et des autres hommes. Cela revient donc à dire que l’homme se pense comme détaché des autres et du monde à tel point que la conscience de soi est le fondement de la liberté et de l’individualité. Mais, il apparaît également, en un sens historique et anthropologique, que l’homme ne peut vraiment se passer des autres pour développer son existence libre. Les autres sont les moyens donc chacun dispose pour apprendre à être libre, puisque c’est au moyen des autres que l’homme peut dépasser la fragilité d’une existence animale, apprendre à comprendre le monde qui l’entoure, s’éduquer et mieux vivre. Il y a donc une double conscience quelque peu contradictoire en l’homme : la conscience de soi indépendamment des autres et la conscience de soi par les autres.

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Plan proposé

Partie 1

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Il est d’abord possible de partir du sentiment d’indépendance propre à l’individu. À cet égard, l’homme est un animal doué de pensée et d’action, un animal qui réfléchit aux conditions de son existence de façon individuelle.

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La société politique ne peut alors être conçue comme naturelle mais résulte d’une organisation conventionnelle dans laquelle les hommes réduisent leurs libertés naturelles

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pour accepter les règles d’un gouvernement gérant leurs rapports individuels, gouvernement alors conçu comme un artifice politique nécessaire.

Partie 2

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Cette analyse est cependant réductrice puisqu’elle définit l’homme abstraitement à partir de la seule conscience qu’il a de lui-même. Or, il semble que l’homme dépend initialement de ses parents et d’un contexte social de survie (la communauté familiale) qui rend nécessairement son existence politique.

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En outre, l’homme a des besoins matériels qu’il ne peut assumer seul, même lorsqu’il est adulte, ce qui le conduit naturellement à partager son existence avec les autres, ne serait-ce que pour établir des règles d’échange et de coopération économique.

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Dès lors, l’homme se réalise politiquement, c’est-à-dire que le contexte politique est le lieu de construction de son identité personnelle. Autrement dit, l’homme est un animal politique au sens où il n’est lui-même que dans la limite du respect des lois lui permettant de faire des choix qui n’entravent pas ceux des autres.

Partie 3

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Toutefois, cette analyse reste ambiguë. En effet, si l’homme est un animal politique, c’est en tant qu’il a besoin des lois pour être lui-même, ce qui signifie que les lois sont le moyen de devenir un individu sans que cette individualité soi elle-même le produit de la société. La difficulté de cette approche est donc qu’elle fait moins de l’homme un animal politique qu’un animal qui a besoin de la politique pour devenir individu.

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Or, si nous prenons en compte la façon dont l’existence en société agit sur la construction individuelle de l’identité, il semble difficile de dissocier aussi radicalement l’individu de ce que sont les autres. En effet, le fait de vivre avec les autres et d’apprendre à se développer à la mesure de la liberté des autres conduit l’homme à se définir par une culture et une histoire communes qui font de lui ce qu’il est.

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En ce sens, l’homme est vraiment un animal politique parce que c’est par le contexte social qu’il accède à l’humanité et que cette humanité n’est pas l’expression d’une animalité particulière mais d’une identité commune. L’homme, parce que politique, renonce donc à son individualité égoïste pour devenir citoyen.