L'analyse du professeur
"Le monde est un théâtre". Cette phrase de Shakespeare est souvent citée comme emblématique d’une réflexion humaniste ambigue selon laquelle l’identité de chacun est prisonniére d’un jeu social qui montre non pas tant qu’aucune personne ne peut révéler ce qu’elle est au plus profond de soi, mais qui signale tout au contraire que nul ne possède une identité prédéfinie est défintive. L’homme serait en ce sens un être culture, sans cesse en quête d’identité, et se transformant au gré de ses rencontres et de ses choix culturels. Se poser, à cet égard, la question de savoir si l’homme est réductible à sa culture semble paradoxal. En effet, si nous définissons la culture comme un ensemble de croyances, de valeurs et de pratiques qui déterminent l’identité d’un homme dans le cours de sa vie en fonction des choix qui le caractérisent, il semble impossible de voir la culture comme une réduction. Ce que suppose donc ce sujet est qu’il y aurait, en dessous de la culture, une nature, que pourtant Shakespeare semble dire qu’elle est inexistante ou inaccessible. Le problème que pose ce sujet est alors à la fois celui de savoir ce que recouvre la culture, et celui de comprendre si l’identité de l’homme peut se manifester autrement que par des pratiques culturelles. Nous nous attacherons, dans un premier temps, à montrer que la culture détermine effectivement l’identité de l’homme, dans la mesure où elle est le moyen auquel chqcun a recours pour se manifester aux yeux des autres. Nous serons alors conduits à constater, dans un second temps, que cette culture semble occulter une nature profonde de chacun, que nous tenterons ainsi de mettre en lumière. Il nous faudra toutefois, en dernière instance, remarquer que cette volonté d’arracher l’homme à sa culture est en fait le véritable réductionnisme, puisque l’homme se trouve alors emprisonné dans une nature prédéterminée.
[...]
Plan proposé
Partie 1
a
La culture s’acquiert par l’éducation et détermine tant le comportement extérieur de chacun dqns la société
b
que sa façon de penser la plus intime ou la plus personnelle, c’est-à-dire sa conscience de soi.
c
Il semble donc possible de définir chacun par ses choix culturels et par la façon dont ils se précisent dans le temps, chacun corrigeant progressivement ce qu’il a d’abord appris de façon passive pour devenir lui-même.
Partie 2
a
Mais une telle définition de l’homme ne fait de lui qu’une puissance de changement qui est paradoxale, puisque chacun devient sans cesse lui-même et qu’il est impossible d’être sûr qu’une personne, à un moment donné, est réellement achevée dans son processus de formation.
b
Dès lors, ne faudrait-il pas concéder qu’il y a au fond un substrat du changement, une identité naturelle qui reste propre à chacun, et que nous définirions comme son caractère en dessous de sa culture.
c
Il serait donc impossible de réduire l’individu à sa culture puisque cette culture serait ce qu’il a de commun avec les autres, son identité dépendant au contraire de ce qu’il est au plus profond de lui-même.
Partie 3
a
Cette façon de définir l’identité paraît toutefois très douteuse, dans la mesure où elle fait dépendre chacun de ce qu’il est par lui-même, c’est-à-dire d’une hypothétique conscience qu’il aurait d’une nature qui lui permettrait paradoxalement d’apparaître comme changeant aux yeux des autres.
b
Cela revient alors à supposer une identité fixe et réductrice, puisque l’individu est alors supposé quelque chose de propre et qui limite son devenir à des caractéristiques essentielles, qu’il est pourtant souvent bien en peine de définir lui-même.
c
En ce sens, peut-être faut-il plutôt voir l’homme comme un être purement culturel, qui n’a d’identité que dans sa façon d’adhérer à des choix culturels qui, loin de le limiter, lui donnent tout au contraire la possibilité de trouver quelque chose de particulier dans sa façon d’organiser personnellement ce qu’il peut avoir en commun avec les autres.