L’histoire nous enseigne-t-elle la relativité de valeurs ?

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L'analyse du professeur


L’histoire semble être une discipline qui invite à s’interroger sur les enseignement moraux et politiques que l’on peut tirer de l’action des hommes. Autrement dit, l’histoire invite à réfléchir à ce qu’est l’homme et à la façon dont il est libre et envisage ou comprend son action. L’histoire est riche de la pensée et des jugements des autres hommes. À cet égard, elle nous apprend à relativiser nos propres certitudes. Cependant, nous pouvons nous demander si cette relativisation nécessaire n’entre pas en contradiction avec la scientificité de l’histoire. Autrement dit, si l’histoire est recherche du vrai par une méthode d’analyse rigoureuse des évènements, ne conduit-elle pas à comparer la vérité des époques pour, loin d’enseigner la relativité des valeurs, permettre au contraire le jugement et la certitude morale ? La considération des actions passées permettrait alors de se libérer des pièges du passé. Le problème que pose ce sujet est donc celui de savoir dans quelle mesure il serait possible de dépasser le point de vue interprétatif propre à chaque époque pour construire, au moyen mais par-delà les époques, une objectivité des valeurs résultant du progrès des civilisations. Ne faut-il pas au contraire accepter une relativité irrémédiable des valeurs dès l’instant où non seulement les systèmes de valeurs ne sont pas nécessairement comparables entre eux, mais en outre les comparaisons que l’on pourrait tenter seraient nécessairement faussées par le propre système de valeurs de celui qui interprète ?

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Plan proposé

Partie 1

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L’histoire nous apprend ce qui a été : elle n’est donc pas pour but initial de s’intéresser aux valeurs,

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quand bien même son analyse doit prendre objectivement en compte les systèmes de valeurs des sociétés qu’elle étudie,

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sans pour autant dès lors que cela implique un relativisme des valeurs, puisque le fait d’analyser les valeurs des autres n’implique pas que l’historien lui-même ait à remettre en question ses propres valeurs, ou que son analyse le conduise à comparer les valeurs de ses contemporains à celles des autres. Autrement dit, en histoire il ne s’agit jamais de juger la valeur mais de connaître le passé.

Partie 3

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Cependant, il serait illusoire de supposer que la connaissance des valeurs des autres puisse être totalement neutre et ne pas susciter de comparaison implicite, ce pourquoi l’apprentissage de ce que vivaient les hommes nous conduit à réfléchir à ce que nous sommes et à relativiser nos propres jugements moraux.

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. Plus profondément même, il est clair que notre façon d’appréhender les valeurs des autres est elle-même tributaire de notre propre façon d’appréhender nos propres valeurs.

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Dès lors, à moins de ne pas chercher à comprendre ce qui peut justifier le choix et le comportement des autres, toute histoire conduit son auteur comme son lecteur à relativiser la façon dont il adhère à ses propres valeurs puisqu’il comprend que cette adhésion est souvent liée à des choix subjectifs et contextuels.

Partie 3

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Toutefois, penser que le rapport aux valeurs de autres conduit nécessairement au relativisme est peut-être trop rapide, dans la mesure où le choix de valeurs d’un individu, loin d’être un choix anodin, est au contraire au fondement même de son identité particulière.

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En ce sens, lorsqu’un homme fréquent l’histoire des valeurs des autres, la confrontation aux différentes mœurs des hommes, ne peut le laisser indifférent et induire un relativisme sans conséquence. La comparaison, loin d’être porteuse de neutralité, est à la base du jugement et du positionnement individuel, c’est-à-dire de l’évaluation des valeurs des autres.

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Dès lors, au-delà du relativisme, l’histoire conduit à hiérarchiser les valeurs des époques, puisque c’est justement d’un tel mouvement que procède l’identité de chacun et la définition de ses objectifs moraux.