L’esprit a-t-il accès aux choses ?

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L'analyse du professeur


L’esprit désigne le moyen à l’aide duquel l’homme raisonne, c’est-à-dire est doté de réflexion et d’une forme de conscience rationnelle de ce qu’il fait. En ce sens, l’esprit est une sorte d’intermédiaire entre le moi et le monde puisqu’il permet à l’homme de vivre sa vie à la première personne, de se comprendre dans le temps comme une unité organique qui existe dans une relation particulière au monde qui l’entoure. Les idées que produit l’esprit sont donc des façons abstraites de se représenter le rapport au monde. Pour autant, le monde est également donné à l’homme de façon matérielle au moyen de ses sens. L’homme éprouve le monde, c’est-à-dire le vit parce qu’il le sent. Le problème de ce sujet revient donc à comprendre comment il est possible qu’il y ait une adéquation entre les sensations et les idées. Il semble naturel de penser que les sensations sont traduites dans le cerveau de façon à produire des idées. Pourtant, il est plus difficile de savoir comment se réalise ce processus, de se matérialiser le passage du concret à l’abstrait. Et cela est d’autant plus difficile que les idées ne sont pas toujours en parfaite adéquation avec ce qui est éprouvé par les sens. Nous ne comprenons pas toujours ce qui nous arrive. En outre, nos idées paraissent indépendantes de la stricte épreuve sensible des choses. En effet, nous pouvons penser par nous-mêmes, imaginer, réfléchir. Dès lors, le rapport entre les choses et les idées paraît être au même moment un rapport de transmission nécessaire et un rapport d’indépendance réciproque. La dissertation devra donc essayer de comprendre les façons de résoudre ce paradoxe afin d’expliquer comment se réalise la compréhension du monde et sur quoi se fonde la connaissance des choses.

[...]

Plan proposé

Partie 1

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Il peut tout d’abord semble évident que l’esprit a accès aux choses parce que les choses ont accès à l’esprit, parce que l’expérience détermine nos idées. En ce sens, le corps nous transmet la sensation des choses au moyen des organes sensoriels,

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ce qui permet à nos idées de se former puisqu’elles traduisent abstraitement les choses ressenties.

c

L’esprit peut être donc conçu comme le moyen de nous représenter un monde de choses, c’est-à-dire de donner une forme spirituelle au monde concret.

Partie 2

a

Néanmoins, si nous portons attention au fait que l’esprit a le pouvoir de décider du sens des choses qu’il perçoit et de s’affranchir de la pure donation sensorielle de la chose, il semble possible de mettre en cause cette pure transmission des sens à l’esprit pour penser que l’esprit n’a pas tant accès aux choses qu’il ne possède en lui des idées des choses sans avoir par véritablement accès aux choses mêmes. À cet égard, le fait que le moi ait la possibilité de mettre en doute l’existence de toute chose

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conduit à penser que c’est le moi qui détermine le sens des choses sans que les choses se donnent à lui.

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Dès lors, l’esprit ne pense les choses que sous la forme d’idées qu’il possède de façon innée.

Partie 3

a

Cette manière d’expliquer le rapport des choses à l’esprit semble toutefois trop radicale, dans la mesure notamment où aucune connaissance idéelle des choses ne se fait de façon purement abstraite mais est toujours liée à une donation sensorielle. Ainsi, il semble possible de croire qu’il y a une transmission possible des choses à l’esprit sous la forme de phénomènes qui, sans être les choses elles-mêmes, sont des apparences de ces choses.

b

L’esprit a donc la capacité de déterminer le sens des choses, a donc accès aux choses parce qu’il définit les choses comme des interprétations des phénomènes qui se veulent objectives.

c

Autrement dit, s’il est faux de croire en une transmission directe des choses à l’esprit ou à une construction pure des choses dans l’esprit, il faut voir l’esprit comme la capacité de se construire un monde dans lequel les idées correspondent à des choses interprétées, c’est-à-dire à des objets.