L'analyse du professeur
La raison est la capacité à découvrir le vrai au moyen d’une analyse logique des choses, c’est-à-dire en soumettant les choses à un raisonnement qui vise à en établir des preuves. Il apparaît, à cet égard, que la raison correspond à une forme d’esprit critique louable moralement et profitable à tout homme puisqu’elle éloigne l’homme de la naïveté, des préjugés et des erreurs. Toutefois, si la raison cherche à expliquer logiquement les choses, elle reste soumise aux limites de l’homme qui ne peut jamais tout comprendre, tout ressentir, tout expérimenter, tout savoir. Or, loin de se limiter à cette finitude radicale, il apparaît que le propre de la raison est également d’affirmer des choses sans véritablement de preuves puisqu’elle aura tendance, plutôt que de concéder son ignorance, à croire les hypothèses qu’elle construit à partir de ce qu’elle sait de façon certaine. La raison est donc à la fois le moyen du raisonnement certain et le lieu de l’erreur qui se prend pour une certitude.
Le paradoxe de ce sujet repose sur le fait que la raison est à la fois une méthode de démonstration, qui suspend la vérité à une analyse logique, et une méthode de formulation d’hypothèses qui exigent des preuves et orientent la recherche du vrai. La croyance en la raison est donc ambiguë puisqu’il s’agit à la fois de croire à ce qui a été démontré et de croire que ce qui est posé à titre d’hypothèses peut être vrai.
[...]
Plan proposé
Partie 1
a
L’évidence commande de croire en la raison puisque la raison obtient des résultats efficaces. Elle permet en effet de traduire l’expérience des choses en mesures et calculs logiques qui écartent les confusions d’une appréhension immédiate des choses.
b
En outre, elle semble fiable parce qu’elle est au fondement d’une méthode qui permet de faire passer de l’ignorance au savoir. Elle interroge ainsi la perception des choses en cherchant à les penser logiquement, c’est-à-dire à les prouver et à les fonder sur des connaissances nouvelles.
Enfin, la raison est le moyen universellement partagé par les hommes pour communiquer : elle est un outil non dogmatique qui ne suppose pas de croyance préalable, et permet ainsi aux hommes d’échanger leurs points de vue et de s’accorder.
Partie 2
a
Il reste toutefois que la raison n’est jamais infaillible. Ses hypothèses sont d’ailleurs souvent corrigées parce qu’approximatives ou fausses, comme l’atteste la révision des lois scientifiques par exemple.
b
En outre, la raison a tendance à valider de simples hypothèses faut d’une connaissance précise de la réalité qu’elle décrit. Elle comporte donc le risque de n’être qu’une forme trompeuse de raisonnement logique qui a tendance à prendre pour vraies des affirmations qui ne sont que probables parce que manquant de preuves ou de clarté.
c
Enfin, la raison dévalorise par principe toute appréhension des choses qui ne serait pas rationnelle, comme la foi ou une perception plus sensible des choses. La croyance en la raison érige donc un modèle qui peut sembler problématique parce qu’il exclut la façon donc bon nombre de personnes perçoivent eux-mêmes les choses.
Partie 3
a
La croyance en la raison est donc une nécessité scientifique et pratique selon laquelle nous ne pouvons nous dispenser d’un outil aussi précieux de recherche et de compréhension.
b
Toutefois, cette croyance doit être elle-même rationnelle, c’est-à-dire qu’il faut comprendre que la raison n’est fiable que si nous croyons à sa faillibilité, à la possibilité qu’elle se trompe.
c
Dès lors, la croyance en la raison n’est souhaitable que dans la mesure où elle ne se ferme pas à d’autres croyances, et travaille inlassablement à justifier ses explications en fonction des autres formes de croyances.