Exister, est-ce agir ?

Partager sur Facebook Partager sur Twitter


L'analyse du professeur


La célèbre formule de Sartre : « l’existence précède l’essence » semble indiquer que l’homme n’est prédéterminé par aucune nature, mais se constitu au fur et à mesure qu’il agit et se développe dans l’existence. Néanmoins, il semble bien qu’un certain nombre de choses ne dépendent pas de nous. En effet, comme le montre Épictète, par exemple, le cours de évènements n’est jamais pleinement maîtrisable, loin de là. Dès lors, nous restons toujours inféodés, dans nos modalités d’existence elles-mêmes, à la présence d’une nécessité ou d’un déterminisme qui font que nous n’agissons pas sur tout mais sommes agis dans la plupart des circonstances de notre vie. La question « existe, est-ce agir » semble donc défendre la thèse d’un homme purement libre, abstraction métaphysique faite des conditions réelles de son existence. Or, s’il semble effectivement que toute action procède d’une délibération en pensée, cette délibération nous confronte souvent à notre finitude et à notre impuissance quant à la capacité d’être l’auteur de nos actes. Plus exactement, nous pouvons envisager de façon critique les options d’actions possibles afin d’en choisir une qui nous apparaisse dans l’instant comme la meilleure, mais non seulement tous les modes d’action ne répondent pas à une réflexion préalable et toute les actions ne sont pas librement choisies. Ce sujet pose donc le problème des limites de la rationalité existentielle de l’homme, et des capacités qui y paraissent naturellement liées. L’homme semble paradoxalement se percevoir et exister comme un être d’action, mais la conscience de son action paraît aussi le confronter au fait qu’il est un être de passion. Nous nous attacherons donc d’abord à montrer que l’existence semble effectivement procéder de l’action, dans la mesure où la conscience signifie l’appropriation de ce qui nous arrive. Nous en viendrons alors à remarquer qu’une telle appropriation ne signifie pas nécessairement que nous puissions nous rendre maître de ce que nous faisons, ce qui conduit à montrer que l’existence est plus vaste que l’action. Enfin, nous tenterons de montrer que même l’action vécue comme causée par un événement extérieur reste une action qui m’est propre, en tant que mon existence reste à ce moment précis une propriété de ma conscience responsable.

[...]

Plan proposé

Partie 1

a

L’existence est uniquement agie par l’homme, si nous définissons l’homme selon une optique cartésienne comme une substance pensante qui a la propriété de refuser tout déterminisme

b

et la capacité à rationaliser au moyen de sa pensée la suite logique des évènements existentiels auxquels il participe.

c

Dès lors, toute existence qui ne fait pas cet effort de se rendre cause de ses actes est une non existence humaine et une non existence en soi, c’est-à-dire une participation à l’être comme objet et non sujet.

Partie 2

a

Toutefois, comme le montre Spinoza, la causa sui est un mythe qui vient de l’ignorance de l’homme.

b

Dès lors, si aucune existence ne peut être définie à partir d’une action libre dans la mesure où une telle liberté individuelle procède d’une illusion,

c

il faut en conclure que l’action ne peut appartenir à l’homme seul, et que l’existence n’est pas un agir mais un simple développement de modes qui ne m’appartiennent pas.

Partie 3

a

Cette conclusion semble toutefois passablement problématique puisqu’elle renonce à tout agir en propre et à toute responsabilité individuelle de l’acte.

b

En ce sens, l’homme qui postule la pleine rationalité extérieure du monde s’excuse de ne pas exister parce qu’il se méprend en fait sur la nature de sa liberté, comme le montre Kant.

c

Dès lors, il semble possible de redéfinir la liberté comme la faculté de devenir soi-même autonome, c’est-à-dire comme la faculté de se faire cause morale au sens où j’agis en connaissance des causes qui me détermine, et la valeur de mon existence dépend de cette capacité à vouloir ce que je fais.