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La distinction entre désir et besoin est un préalable à la compréhension de ce sujet. Le besoin est la marque d’une dépendance animale à l’égard d’une chose nécessaire au maintien de l’existence, ce qui revient à dire que nous ne choisissons pas les objets des besoins mais ces objets s’imposent à nous (nous en avons besoin). À l’inverse, le désir procède d’une représentation mentale d’une chose comme désirable, en ce qu’elle convient à l’idée que nous avons de nous-mêmes et que nous nous faisons des choses et de leur rapport à ce que nous sommes. Cette distinction permet donc de montrer que le désir semble bon ou mauvais en fonction de la pertinence de ce qui est représenté, et dans la mesure où ce qui est représenté a des chances de réussir ou d’échouer. Dès lors, il semble que l’évaluation morale du désir (le fait qu’il soit jugé bon ou mauvais) est relative aux conditions de réalisation du désir et aux conséquences d’une telle réalisation pour celui qui désire (ai-je des chances de satisfaire mon désir et cette réalisation est-elle dangereuse pour moi ?). Autrement dit, le fait que le désir soit bon ou mauvais dépend de notre capacité à nous représenter ce qui serait bon pour nous, ce qui revient concéder que toute évaluation du désir est subjective, c’est-à-dire purement relative à chacun. Toutefois, il semble également qu’un homme n’est jamais un être purement singulier (isolé du monde qui l’entoure), et qu’il partage avec ses congénères un certain nombre de caractéristiques communes. Ce constat conduirait alors à dire que les désirs ne sont pas purement subjectifs mais s’inscrivent par ailleurs sur une échelle objective de valeur qui dépend de la définition de l’homme en tant qu’homme. C’est à la résolution de ce paradoxe, entre ce qui est proprement individuel et ce qui est commun, que la question des bons et mauvais désirs semble suspendue.
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