En quoi le langage est-il nécessaire à l’homme ?

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L'analyse du professeur


En tant qu’instrument de formulation de la pensée et que moyen de communiquer entre les hommes, le langage paraît se définir par une forme de statut paradoxal. Il est à la fois un instrument dont dispose l’homme pour se libérer d’une existence animale et solitaire et le lieu d’un enfermement puisque l’homme semble toujours tributaire de lui pour pouvoir s’exprimer et même agir. Le langage est-il alors le symptôme de notre grandeur ou de notre misère ? Est-il le moyen de dire la vérité et de comprendre pleinement le monde dans lequel nous vivons ou ne traduit-il que la pauvreté de note existence qui se réduit à utiliser des mots pour pouvoir exister ? Le problème que soulève ce sujet est celui de l’instrumentalité du langage. Classiquement conçu comme un outil de la pensée, il se peut que le langage soit bien plus qu’un médiateur de cette pensée, dans le sens où il lui donne forme et lui permet de devenir consciente et formulable. Dès lors, si « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement », c’est peut-être moins parce que la pensée serait claire par elle-même, que parce que la pensée pourrait trouver dans le langage le moyen de se faire en se disant. Le langage relève-t-il alors d’une simple nécessité de communication ou est-il, plus fondamentalement, de l’ordre d’une nécessité de pensée ?

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Plan proposé

Partie 1

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Le langage semble d’abord être un moyen à la disposition de la pensée. Les mots sont une force de désignation du monde qui véhiculent la compréhension de l’homme.

b

Le langage est en ce sens le support de la communication entre les hommes, que cette communication soit utilisée pour agir sur le monde, ou qu’elle permette le simple échange des pensées.

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À cet égard, la nécessité du langage est une nécessité existentielle qui n’est pas indispensable à l’homme pour vivre, mais sans laquelle sa vie serait réduite à sa plus simple subsistance animale isolée.

Partie 2

a

Cette analyse du langage ne prend toutefois pas l’entière mesure de ses potentialités. On peut en effet remarquer que le langage ne fait pas que transmettre un sens parfaitement élaboré dans le silence de la pensée, mais permet également à chacun de clarifier ses idées.

b

Plus avant, il apparaît que l’acte de communication est également un acte de confrontation des pensées et des interprétations, ce qui place le langage au cœur d’un processus d’échange au cours duquel se construit une vérité qui ne préexistait pas entre les protagonistes de l’échange.

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Dès lors, loin de relever d’une nécessité existentielle, il apparaît que le langage repose sur une nécessité essentielle de la pensée qui cherche à se formuler et à progresser.

Partie 3

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Si le langage est ainsi loin d’être la marque d’une misère de l’homme, il est toutefois possible de se demander si la sacralisation de la nécessité du langage ne comporte pas le risque d’en rendre l’homme esclave. Il apparaît en effet que l’usage du langage comporte aussi le risque de voir la richesse des significations et des interprétations brouiller l’appréhension des choses.

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Le langage occulte ainsi souvent une intuition spontanée des choses, la diversité des interprétations reposant d’ailleurs fréquemment sur la volonté d’user de mots ou de chercher des explications à des choses pour lesquelles l’intelligence pourrait se contenter de la perception spontanée.

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Enfin, s’il serait absurde d’en contester l’utilité, peut-être faut-il nuancer la nécessité du langage, là où la volonté de communiquer une signification procède couramment non d’une nécessité existentielle ou essentielle, mais d’une simple volonté de divertissement .