Dois-je tenir compte de ce que font les autres pour orienter ma conduite ?

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L'analyse du professeur


Ce sujet porte sur le rapport à autrui, c’est-à-dire sur la capacité pour un individu à prendre en compte l’autre comme autre soi-même, comme simple moyen de son action, ou encore comme chose négligeable par rapport à soi-même. Il faut donc ici s’interroger sur la rationalité individuelle, autrement dit sur le fait que l’action individuelle (le fait que je me demande comment agir) doive ou non prendre en compte de façon particulière la présence d’autrui (c’est-à-dire doive réserver à autrui un traitement particulier qui le dissocie des choses). Autrement dit, ce que l’on demande ici est de savoir dans quelle mesure autrui devrait faire l’objet d’un raisonnement spécifique (on sous entend par là que je ne peux traiter autrui comme je traite les autres choses lorsque j’agis, c’est-à-dire comme des moyens susceptibles d’être utilisés dans mon action). Il convient donc de répondre à la question de savoir si je suis avec les autres dans un rapport de moyens ou de fins.

[...]

Plan proposé

Partie 1

a

Dans un premier temps, il semble que je ne dois prendre en compte les autres que comme je le fais pour les choses elles-mêmes. En effet, quand un individu agit, il appréhende toute chose de façon binaire à partir de son intérêt égoïste, c’est-à-dire que toute chose est soit une aide soit un obstacle à son action.

b

Néanmoins, si la logique de l’action individuelle porte tout individu à chercher les meilleurs moyens de sa conservation, autrui n’est pas simplement réductible à une chose parmi les autres puisqu’il est moins prévisible que les autres (problème de la liberté). Il faut donc se méfier particulièrement d’autrui et le prendre en compte comme une des choses les plus importantes.

c

Dès lors, autrui est toujours pris en compte par ce que fait un individu, mais de façon négative, en tant qu’il est une donnée imprévisible dans le cours des choses

Partie 2

a

Cependant, dès l’instant où autrui est considéré comme une chose libre, il semble qu’autrui ne puisse se réduire à une pure existence comme chose. En effet, la liberté que je constate en considérant autrui est l’analogue de ma liberté (a), ce qui me pousse irrémédiablement à m’identifier à autrui comme autre moi-même et non simplement comme chose.

c

Cette attention morale pour autrui me conduit donc à penser que je dois prendre en compte ce que font les autres pour agir moi-même parce que je dois respecter les autres et m’empêcher de les considérer comme des moyens asservis à mes fins.

Partie 3

a

Plus profondément, cette prise en compte morale d’autrui me conduit à constater que mon existence elle-même ne peut se faire sans autrui. Autrement dit, je suis moi-même le produit d’une éducation et d’une civilisation d’hommes envers qui j’ai des devoirs.

b

En outre, je ne peux moi-même me définir que parce que je projette mon existence à la mesure de ce que me permet la société et de ce que font les autres.

c

Ainsi, il ne s’agit pas simplement de prendre en compte ce que fait autrui pour orienter son action mais il faut agir en direction d’autrui pour être soi-même.