Devons-nous distinguer deux mondes : le monde commun et le monde de la science ?

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L'analyse du professeur


La science semble nous informer du fait qu’il faut se méfier des apparences et essayer de se fier aux règles de l’esprit, à sa capacité à trouver une vérité qui dépend de l’analyse conceptuelle fonder la connaissance sur un sol plus assuré que celui des sensations. À cet égard, il semble possible de penser une distinction entre monde de la science, de l’analyse conceptuelle, et monde commun, c’est-à-dire monde donné par l’expérience sensorielle quotidienne. La vérité de la connaissance dépend donc du discernement de l’objet scientifique par rapport à la sensation commune confuse.Toutefois, étant donné que la science se bâtit à partir de l’analyse de notre appréhension sensorielle du monde, le problème de ce sujet sera celui de savoir dans quelle mesure les lois de la science peuvent s’affranchir de cette appréhension sensorielle du monde propre à l’homme. Il s’agit de se demander si le monde commun qui est le monde perçu immédiatement par tout le monde, est le même que celui qui est déterminé en vérité par les lois de la science. Le paradoxe de ce sujet tient alors au fait que la rationalisation scientifique construit un monde différent, fait de lois et d’objets scientifiques, qui est censé expliquer le monde mieux que l’appréhension immédiate des choses et des phénomènes (parce qu’une telle appréhension est souvent confuse et parfois victime d’illusions ou d’imprécisions), mais qui devient un monde abstrait, souvent hermétique et non accessible à l’appréhension immédiate. Peut-on croire que le monde scientifique, dans son hermétisme, explique mieux le monde réel que le regard commun qui en a déjà une appréhension immédiate ?

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Plan proposé

Partie 1

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Nous pouvons partir du fait que la science s’appuie nécessairement sur l’expérience commune pour montrer que la distinction entre monde commun et monde de la science ne semble pas se justifier. Le scientifique interroge en effet les phénomènes qu’il observe pour construire des théories et proposer une grille du lecture qui les classe et les identifie.

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En outre, en retour, les théories scientifiques se justifient par des expérimentations, qui appliquent les connaissances à des objets réels qui sont ceux qui sont également perçus dans le monde commun.

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Dès lors, le monde de la science n’est pas différent du monde commun : il n’en est que l’explication et la rationalisation, qui peut certes être distingué dans le discours, mais qui ne peut en être distingué réellement.

Partie 2

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Toutefois, il convient de remarquer que les sens sont trompeurs et que le monde de la science est un monde qui crève les apparences du monde commun pour produire un second monde de vérité.

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Dès lors, il ne s’agit pas simplement d’une question de mots ou de discours, il s’agit également d’une question de tri et de clarté de vision. Le monde de la science est une réduction du monde commun, parce qu’il en évite les confusions et le approximations.

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En ce sens, il faudrait distinguer monde de la science et monde commun, non pas du tout pour les opposer mais au contraire pour les hiérarchiser. Seul le monde de la science est un monde réel, qui doit servir de guide et de mesure au monde commun.

Partie 3

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Néanmoins, il n’est pas certain que la science puisse pleinement honorer ses promesses dans la mesure où la science propose des hypothèses qui sont susceptibles d’être fausses et d’être corrigées.

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Dès lors, le monde de la science ne peut jamais se substituer au monde commun et le dévaloriser sous prétexte qu’il possède une efficacité de rationalisation ponctuelle. C’est bien l’expérience du monde commun qui permet de corriger les hypothèses du monde de la science et la valeur de ce monde commune se jauge à sa capacité à fournir des hypothèses nouvelles.

c

La distinction entre monde commun et monde de la science ne se justifie donc jamais totalement. Plus exactement, il n’est pas certain que la raison d’être du monde de la science s’affranchisse du monde commun, puisque le but de la science est plus de l’élucider que de l’invalider.