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Dans La leçon, pièce de théâtre absurde de Ionesco, le professeur enseigne à sa jeune protégée les mathématiques. Il déplore son manque de méthode, et il essaie de lui inculquer les moyens du raisonnement. Mais, progressivement, son élève se bloque : elle ne parvient pas à maîtriser les outils qu’il lui donne. Le professeur s’énerve et finira par la tuer. Au-delà de l’absurde revendiqué par l’auteur, cette situation nous interroge sur le rôle du professeur, qui incarne normalement la capacité de vérité, le sens de l’exact. Comment peut-il parvenir à une telle aberration ? Le souci de la méthode l’a-t-il conduit loin du juste ? La question se pose donc de savoir dans quelle mesure la méthode peut garantir le vrai. Autrement dit, le fait de soumettre son esprit à des procédures rationnelles qui permettent d’analyser les situations garantit-il une connaissance infaillible qui fasse en sorte que la chose à connaître corresponde à l’idée que l’esprit s’en fait ? Le problème ici posé est celui de la capacité de l’esprit, c’est-à-dire celui de savoir dans quelle mesure l’esprit est fait pour penser le réel et a les capacités d’élucider ce qui lui vient de l’extérieur et constitue son objet de pensée. Nous chercherons tout d’abord à montrer que la méthode garantit seule la vérité puisque l’esprit parvient ainsi à soumettre le réel à sa norme (I). Nous mettrons ensuite en question cette certitude de vérité en montrant que l’esprit est toujours limité dans son appréhension des choses et postule des choses qu’il ne peut véritablement connaître (II). Ce constat nous conduira enfin à penser que la méthode purement rationnelle est une illusion, ce qui nous poussera à nous interroger sur les possibilités de garantir la méthode elle-même pour accéder au vrai (III).
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