Dans quelle mesure la conscience intime du temps nous permet-elle d’assigner un sens à notre existence ?

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L'analyse du professeur


Ce sujet interroge le rapport de l’homme au temps, c’est-à-dire pose la question de la façon dont l’homme peut interpréter le cours du temps qui passe et lui donner un sens subjectif, un sens qui lui correspond en tant que sujet. Dès lors, tout le problème de ce sujet sera celui de savoir si le temps est toujours quelque chose d’extérieur ou si le temps a une valeur subjective qui dépend de l’homme. Il ne faut donc pas problématiser sur la possibilité d’une conscience intime du temps mais sur ce que signifie cette conscience intime. Si l’homme ressent le temps en lui et dans son rapport aux choses, peut-on dire que le temps ne reste qu’une donnée objective qui s’impose à lui de façon supérieure et irréductible au point de ne pas permettre à l’homme de découvrir le sens de ce qu’il vit ? Ne peut-on, à l’inverse considérer que le temps est un moyen de pensée de l’homme, moyen par lequel il peut projeter son existence et la vivre sans être soumis à une immédiateté ?

[...]

Plan proposé

Partie 1

a

Il est tout d’abord possible de partir du sens chronologique du temps. Le temps m’apparaît comme une donnée objective dans la mesure où il ne dépend pas de moi de contrôler son cours.

b

Je subis le cours du temps et j’y conforme ma vie, dans le sens où je prends conscience de ma fragilité dans le temps, et de l’impossibilité de dépasser ma condition d’être mortel.

c

À cet égard, le temps, loin de me livrer le sens de mon existence, me découvre son mystère et son incertitude. La conscience intime du temps est à la fois l’obscurité d’un avenir que je ne maîtrise pas et la conscience d’un passé qui me détermine.

Partie 2

a

Toutefois, le fait d’intérioriser le temps semble a posteriori plus ambivalent. En effet, dans le mystère de la mort, le temps me fournit l’occasion d’une expérience morale qui me fait prendre conscience de la valeur du présent.

b

En outre, le rapport à mon passé me permet de me comprendre et d’agir en conséquence de ce que je suis.

c

Dès lors, la conscience intime du temps, en étant la conscience objective d’une finitude, est également la conscience du pouvoir de cette finitude et de la liberté qui y est ancrée.

Partie 3

a

Est-ce pour autant le moyen d’assigner un sens à son existence que d’avoir conscience du prix du présent ? Le fait, pour l’homme, de découvrir la valeur de ce qu’il vit par l’expérience paradoxale de sa fragilité

b

permet à l’homme d’accorder un prix inestimable à ce qu’il parvient à réaliser dans le cours du temps, et non pas seulement dans le présent.

c

En ce sens, la conscience intime du temps permet à l’homme de savoir non pas tant ce qu’il est que ce qu’il peut être et peut espérer et croire. Le temps donne donc la mesure du sens vraisemblable de son existence à chacun.