Plan proposé
Lignes 1 à 5 : Le possible est moins que le réel : les choses doivent donc être représentées pour se réaliser.
Bergson part d’un constat qui généralise l’histoire de la philosophie qui le précède, pour montrer que les philosophes ont pour habitude de dévaloriser ce qui est de l’ordre du possible, puisqu’il s’agit d’une chose idéelle qui n’est plus de l’ordre du réel. L’idéel est en effet une production de l’esprit, qui dépend donc de l’esprit qui produit, ce qui explique qu’il y a une part de subjectivité dans la manière de considérer l’idéel. En revanche, ce qui est réel ne dépend pas de moi, et donc semble plus imposant ontologiquement, plus digne d’exister en vérité, que l’idéel.
Lignes 6 à 11 : le possible est aussi réel que le réel.
Bergson conteste l’analyse philosophique classique, dans la mesure où il montre que le possible, qui est de l’ordre de l’idéel, est tout aussi soumis au changement que le réel, et donc aussi susceptible d’être modifié que le réel. À l’exception en effet des choses mathématiques, qui sont des pures abstractions, le possible qui est conçu par la conscience est donc une conception qui a les mêmes propriétés que le réel.
Lignes 11 à 14 : Le possible est du réel passé.
Bergson achève de démontrer que le possible ne doit pas être dévalorisé par rapport au réel dans la mesure où le possible n’est en fait qu’un réel passé, qui n’existe plus actuellement, qui dont les propriétés intellectuelles restent les mêmes que celles du réel.
Lignes 15 à 19 : Le possible comme objet de préoccupations.
Bergson raconte une expérience ayant pour but de montrer que le possible est en fait une tendance de l’esprit humain à imaginer ce qui pourrait se produire. Il tend paradoxalement, en montrant que lui-même pouvait refuser la conception du possible, à montrer que le possible n’a pas vraiment de valeur.
Lignes 19 à 25 : le possible comme impossible.
En racontant que s’il pouvait concevoir le possible, il imaginerait la grande œuvre de demain, Bergson ne produit pas seulement une boutade : il montre également que le possible reste une hypothèse indue, préjugeant de ce qui peut se passer. Le possible n’est donc qu’une façon de croire que l’on sait ce qui va advenir.
Lignes 25 à 31 : Le possible a posteriori
La position de Bergson consiste ainsi à montrer que l’on ne peut parler du possible qu’a posteriori, c’est-à-dire seulement comme une chose qui a dû être possible (puisqu’elle s’est réalisée), mais qui n’était pas concevable au moment même où elle était possible.
Ligne 31 à 36 : le possible et la contingence.
En ce sens, ce que Bergson en vient à reconnaître est l’impossibilité de prévoir le possible, qui dépend de facteurs contingents. La possibilité d’un changement de l’avenir est donc une possibilité qu’il est impossible de prévoir, et la réalisation de l’avenir reste hors de portée de l’homme. Le possible est donc un abus de langage.
Lignes 37 à 43 : Le possible et l’illusion de la liberté.
L’explication ultime que Bergson donne pour expliquer l’attention que les philosophes ont accordé au possible est le lien entre le possible et la liberté. Le possible n’existe que dans la mesure où les philosophies de la liberté ont cherché à expliquer l’incertitude de l’avenir, et à fonder sur cette incertitude la doctrine de la liberté humaine (comme choix à venir). Bergson ne conteste pas la possibilité de cette liberté, mais il montre qu’il reste impossible de concevoir réellement l’existence des possibles. Le possible est donc un être métaphysique, qui n’existe pas réellement, mais dont il faut concevoir l’existence possible pour montrer que l’action humaine n’était pas déterminée, et que la contrainte ne supprime pas la liberté.