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Dans La leçon, Ionesco s’amuse à imaginer la figure d’un professeur dogmatique, qui enseigne les choses les plus absurdes à son élève, et s’exaspère toujours plus de son incapacité à singer une apparence de logique se situant aux confins de la cruauté du maître. La méchanceté du précepteur n’a d’égal que sa mauvaise foi, et la dérision de Ionesco est comme un avertissement à tout détenteur d’un savoir des risques impliqués par la maîtrise exclusive de ce savoir. Se demander si l’on peut être sûr d’avoir raison semble en ce sens conduire à la position que dénonce de façon à peine voilée Ionesco : la position du savoir et de la logique. Il s’agit en effet de s’interroger sur les moyens dont disposerait celui qui voudrait défendre son point de vue de façon honnête, en cherchant à fonder ultimement ce dont il est convaincu. Être sûr d’avoir raison, c’est en ce sens se trouver dans une position paradoxale, où le détenteur d’un savoir serait à même de valider par lui-même des connaissances dont il a par ailleurs bien conscience de ne pas être le fondement ultime (puisqu’il cherche justement à s’en assurer). Comment produire une certitude sur fond radical d’incertitude ? Nous nous attacherons tout d’abord à montrer qu’il est particulièrement difficile d’être sûr de ne pas se tromper puisque l’attitude de celui qui se pose une telle question est par définition une attitude de doute ruineuse pour l’empire des certitudes. Nous en viendrons toutefois à comprendre que le doute peut fonder utilement la certitude, dans la mesure toutefois où il permet de développer méthodiquement une visée du vrai. En ce sens, il apparaît qu’il ne peut y avoir de certitude du vrai qu’à la condition d’une certitude d’une absence de faux, c’est-à-dire qu’être sûr de ne pas se tromper veut moins dire être sûr d’avoir raison, qu’être sûr de ne pas avoir tort.
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