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Les lapsus révélateurs sont souvent cités en exemple d’actes de langage lors desquels la parole révélerait une pensée qu’un interlocuteur voudrait dissimuler. Est-il pourtant aussi simple de décoder le rapport entre langage et pensée ? Entre outil et mécanisme jouissant d’une certaine autonomie, le langage semble ainsi être un auxiliaire problématique de la pensée. Il est à cet égard essentiel de se demander si le langage trahit la pensée. La capacité à formuler au moyen de mots la pensée dénature-t-elle le processus de conception des idées ? La trahison du langage pourrait ainsi révéler l’incapacité qu’aurait la pensée à se contrôler, tout autant que la force et l’efficacité du langage, dont la logique se révèlerait plus adaptée à aux finalités de la pensée que les ressources propres de cette dernière. À cet égard, le statut du langage semble paradoxal : faut-il le considérer comme un simple outil qui pourrait prêter main forte aux idées produites par la pensée, ou faut-il au contraire le considérer comme un fondement ou une racine de la pensée, au coeur de la nature de la pensée dont il incarnerait la forme même ? Nous nous efforcerons d’abord de montrer que le langage est un outil au service de la pensée, et qu’il n’y a pas de raison qu’il la trahisse. Nous en viendrons toutefois à constater que cette vision instrumentale du langage est trop restrictive, et ne prend pas véritablement la mesure des ressources du langage, et notamment le fait que le langage échappe au contrôle de la conscience et semble ainsi dépasser la pensée. Nous montrerons alors que le langage peut effectivement trahir la pensée parce qu’il partage avec la pensée un pouvoir de formulation des idées.
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