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La découverte de la génétique semble avoir donné à l’homme le pouvoir de maîtriser de plus en plus le vivant. La confiance croissante qui semblait découler des évolutions de la médecine au siècle dernier est toutefois de nos jours en recul, comme en attestent les différentes versions du principe de précaution mises en place législativement ces dernières années dans différents pays de par le monde. Serait-ce à dire que l’homme se méfie de la connaissance qu’il possède du vivant ? Ne peut-on supposer qu’il se méfie simplement des utilisations techniques de la connaissance du vivant ? Comment expliquer alors les tentatives de moratoire sur la recherche génétique, comme l’appelait de ses vœux un des plus grands scientifiques français en matière de génétique, le Professeur Testard ? La question qui se pose, en creux de ce débat, est celle de savoir si une connaissance scientifique du vivant est réellement possible. Question surprenante de prime abord, dans la mesure où le développement des connaissances scientifiques semble indiquer à l’évidence que cette connaissance existe dores et déjà. Question néanmoins récurrente, puisque la connaissance scientifique du vivant semble repousser toujours plus l’horizon de notre ignorance, et nous placer dans une situation où toute nouvelle connaissance découvre peut-être bien plus la complexité de ce qui est à connaître que la vérité de ce qui est connu. Le problème qui se trouve ici interrogé est celui de savoir si la connaissance scientifique du vivant n’est pas en fait un artefact pratique, qui permet d’agir à partir de modèles de compréhension, sans être réellement une connaissance objective de ce qu’est le vivant par lui-même. Nous nous efforcerons tout d’abord de montrer que la connaissance scientifique du vivant est effective depuis que les hommes se sont donné les moyens d’expérimenter les hypothèses qu’ils formulaient, et qu’ils ont ainsi pu agir en connaissance de cause sur le réel (I). Nous serons toutefois conduit à la réserve en remarquant que cette connaissance scientifique a moins pour objet de dire ce qu’est le vivant dans toute sa singularité, que de l’assigner à un modèle théorique abstrait qui cherche à isoler des propriétés et des constantes, plus qu’à saisir la nature des choses (II). Nous en viendrons dès lors à reconnaître que la connaissance scientifique du vivant relève d’un idéal utopique, qui ne peut avoir de pertinence qu’à la condition de ne pas considérer cette connaissance comme une connaissance pleinement objective, mais comme une connaissance utile et pratique (III).
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