Annales BAC 2006 - Quel besoin avons-nous de chercher la vérité ?

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L'analyse du professeur


La philosophie se définit souvent comme la recherche de la vérité, c’est-à-dire comme résultant de la volonté d’accéder au vrai afin de mieux connaître la nature du monde dans lequel vit l’homme, et de mieux agir dans ce monde. En ce sens, le besoin de connaître le vrai correspondrait à la volonté de mieux agir et de mieux se comporter. Une telle interprétation apparaît toutefois comme contestable ou comme éminemment fragile, dans la mesure notamment où la recherche de la connaissance n’aboutit pas toujours, et se révèle problématique en ne parvenant pas systématiquement à fonder ce qu’elle avance. Dès lors, si le vrai n’est pas souvent atteint, et que la recherche du vrai conduit à des dilemmes, voire à des conflits ou à la perplexité, le besoin de mieux agir se trouve fondamentalement contrarié. Pourquoi continuer à chercher le vrai, si le vrai n’est pas utile pratiquement ? Le paradoxe de ce sujet est d’interroger la quête du vrai à partir de la notion de besoin, c’est-à-dire en fonction d’une chose qui serait indispensable à l’homme. Se trouverait alors discrédité le simple amour abstrait de la connaissance, et valorisé réciproquement toute connaissance utile pratiquement. Cependant, si la connaissance vraie n’est jamais atteinte, toutes les connaissances produites ne restent que probables, et l’utilité de la connaissance disparaît. La connaissance vraie ne peut donc découler d’un besoin, ou alors un tel besoin ne peut jamais être satisfait, ce qui condamne l’homme à une existence tragique qui sera toujours malheureuse, ou déficiente.

[...]

Plan proposé

Partie 1

a

Le besoin de chercher la vérité semble d’abord correspondre à la volonté de comprendre ce qui se donne à voir et à vivre.

b

Il ne s’agit d’ailleurs par tant d’un besoin abstrait de l’esprit que d’un besoin de repères et de compréhension, repères et compréhension qui permettraient à l’homme de mieux se comprendre et de mieux analyser les situations dans lesquelles il se trouve et face auxquelles il doit agir ou réagir.

c

Au-delà de ce besoin ponctuel de compréhension pratique se donne à comprendre une logique d’action. Si l’homme peut en effet être défini comme un être conscient de sa situation, il va de soi qu’il se projette dans l’existence pour analyser ce qu’il peut advenir de son futur. Dès lors, le besoin de vérité serait l’outil principal qui lui permettrait de concevoir de façon intelligente son action et de ne pas rester soumis aux cours des évènements.

Partie 2

a

Cette analyse théorique du pouvoir de la conscience se révèle toutefois fragile en pratique. L’homme prend en effet rapidement conscience de la difficulté à produire une analyse intelligente des choses et à être sûr de ce qu’il peut et doit faire.

b

Dès lors, si la raison n’est pas toujours utile et ne parvient pas systématiquement à découvrir le vrai, peut-être devient-elle tout au contraire ce qui fragilise l’existence de l’homme et accroît son besoin de sens et de repères.

c

Loin de répondre au besoin de vivre mieux, la recherche de la vérité résulterait ainsi d’un besoin de connaître dont on voit mal ce qui pourrait fondamentalement le justifier étant donné qu’il conduit l’homme à la perplexité et à l’inaction.

Partie 3

a

Il apparaît toutefois que ce n’est pas parce que la recherche de la vérité n’atteint pas toujours le vrai absolu qu’elle est vaine et infructueuse. L’homme qui ne sait rien sait toutefois qu’il a évité bon nombre d’erreurs, puisqu’il a découvert que le vrai ne correspondait pas à certaines hypothèses.

b

La recherche du vrai correspondrait donc bien à un besoin de connaître qui serait un besoin de bien agir, et servirait non pas parce qu’il aboutirait à une connaissance exacte, mais parce qu’il n’aboutirait justement pas.

c

Dès lors, le besoin de chercher la vérité serait moins un besoin immédiat d’action qu’un besoin de distance par rapport à l’action, de façon à atteindre la juste mesure et à agir prudemment.