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La conscience du temps semble inhérente à toute pensée humaine. L’homme se situe en effet nécessairement dans le temps et dans l’espace, et il paraît impossible que l’intelligence humaine s’affranchisse de ces conditions de possibilité, c’est-à-dire qu’un homme puisse se concevoir autrement que dans un monde qui suit le cours du temps. Dès lors, ce que l’on appelle le moi est le produit présent d’un passé destiné à un futur. C’est le principe de causalité qui régit la suite des évènements dans le temps et qui oblige ainsi l’homme à se penser comme un être qui interagit avec les causes qui le déterminent. Le paradoxe implicite du sujet tient à cette conscience de la détermination de soi dans le temps. Il est évident que je ne peux pas m’extraire du temps et que le temps détermine le devenir du moi, ses états successifs. Toutefois, la conscience me donne à penser une certaine liberté, au sens où la causalité historique des évènements qui conditionne mon action paraît me laisser un espace de choix. La liberté procède donc de ma capacité à orienter le cours des choses et à résister ainsi à la façon dont ces choses arrivent sans que je les veuille. Néanmoins, il est évident que je ne peux parvenir toujours à réaliser ce que je souhaite. La causalité des évènements me résiste. Le sentiment de frustration ou de déception qui en découle nécessairement expliquerait en ce sens le souhait d’échapper à la suite des évènements, serait à l’origine d’une volonté de sortir du temps, d’échapper à son cours implacable. Ne faut-il voir cette réaction que comme du dépit absurde, au regard de ma condition d’être historique ? La conscience que j’ai de ma détermination n’est-elle pas déjà une manière d’y échapper en la relativisant ? L’enjeu d’une réflexion sur le rapport de l’homme au temps est donc moral : comment l’homme peut-il gérer son rapport au temps, pour ne pas avoir le sentiment d’être emprisonné dans une histoire qui déçoit sans cesse ses attentes et fait de lui le jouet impuissant d’un destin ?
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