Annales BAC 2005 - Pourquoi voulons-nous être libres ?

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L'analyse du professeur


Le sentiment de liberté semble inhérent à la conscience de l’homme. Il résulterait ainsi du fait de posséder une représentation intelligente de l’existence, qui a pour propriété d’analyser les causes des évènements et de montrer à l’homme de quelle façon la réalisation de certaines choses dépend de lui. Toutefois, à ce sentiment de liberté s’oppose la conscience de la détermination, c’est-à-dire se donnent à penser tous les obstacles réels qui s’opposent à la réalisation concrète de la liberté. Dès lors, si nous avons le sentiment d’être libres, mais que nous constatons inlassablement à quel point nous sommes déterminés par les choses, pourquoi vouloir encore être libres ? Il est évident que renoncer à la liberté reviendrait à se concevoir comme le produit d’un destin sur lequel nous n’avons aucun contrôle. Ce constat peut apparaître comme désespérant et tragique. À l’inverse toutefois, réaffirmer sa liberté peut sembler certes nécessaire et hautement moral, mais risque de condamner l’homme à vivre dans une illusion d’autant plus dangereuse que l’ensemble de son vécu le reconduirait sans cesse à la frustration et au constat de l’impuissance. Comment sortir d’un tel dilemme ?

[...]

Plan proposé

Partie 1

a

Le sentiment de liberté est le produit de la conscience, puisque l’homme possède par sa médiation le moyen de construire une représentation intelligente de son existence. Autrement dit, le fait d’être conscient permet à l’individu de posséder une connaissance de ce qu’il est et de s’arroger le pouvoir de conduire son existence.

b

Nous voulons dès lors être libres parce que la réalisation de la liberté permettrait de transformer le monde et de le rendre plus humain.

c

Par ailleurs, le fait même d’être libre nous grandirait, puisque nous pourrions ainsi distinguer radicalement l’homme de la nature et l’élever au-dessus de la condition animale.

Partie 2

a

Cependant, cette volonté de liberté se heurte sans cesse à la conscience de la détermination, ne serait-ce lorsque que nous nous attachons à constater la façon dont nos actions passées ont en fait été les produits de conditions préalables qui nous ont déterminé à agir de telle ou telle façon.

b

La volonté de liberté pourrait alors correspond au souhait illusoire de nous considérer comme responsables d’un action qui n’est jamais que déterminée par des conditions préalables. Cette volonté serait la marque de la finitude l’homme, qui refuse de constater sa fragilité et son impuissance.

c

Nous voudrions ainsi être libres parce que nous voudrions que le monde soit conçu pour nous, mais nous ne pourrions que nous condamner à être malheureux. La volonté de liberté serai ainsi le fruit d’une illusion inhérente à l’homme.

Partie 3

a

Le hiatus creusé entre conscience intime de la liberté et absence réelle de liberté peut cependant faire l’objet d’une analyse moins radicale. Si le fait de vouloir être libre n’est pas un simple caprice de la volonté de l’homme qui ne parvient pas à s’assumer, c’est peut-être parce qu’elle possède un sens moral psychologiquement nécessaire.

b

Cette interprétation de la volonté de liberté conduirait alors moins à constater l’impuissance de celui qui est toujours déterminé, qu’à montrer qu’il possède une conscience fine de ce qui le détermine dans son existence, au point d’être responsable de ce qui s’impose à lui.

c

Nous voulons ainsi être libres parce que nous comprenons que nous ne le sommes pas réellement, mais que le fait de le penser nous aide à accepter ce qui nous arrive, en distinguant alors soigneusement ce qui nous a déterminé sans que nous puissions le réaliser de ce qui nous a déterminé consciemment.