Annales BAC 2005 - La sensibilité aux oeuvres d’art demande-t-elle à être éduquée ?

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L'analyse du professeur


Le sens commun conduit souvent à affirmer que les goûts et les couleurs ne se discutent pas. En ce sens, la confrontation à l’art serait une confrontation purement subjective de chacun à l’oeuvre particulière, confrontation qu’il serait impossible de théoriser sur le fond, puisque les critères de l’art relèvent de la sensibilité et de la spontanéité de chacun. Pourtant, certains artistes sont plus côtés que d’autres, sont plus reconnus ou plaisent tout simplement plus. Est-ce à dire qu’il y aurait un goût commun aux hommes ? Faut-il croire qu’il y a en fiat des critères, si ce n’est théoriques, tout au moins pratiques, autour desquels s’accorderaient alors les hommes ? La question semble d’autant plus importante que, de nos jours, le rapport des spectateurs à l’art s’est trouvé bouleversé. L’avènement de l’art abstrait, de l’art conceptuel, ou la déconstruction des formes classiques de l’art, semble confronter tout spectateur à un éclatement des normes de goût et de jugement, éclatement qui nécessiterait par conséquent un apprentissage, une familiarisation. Comment comprendre ce paradoxe qui permet à la fois de poser la subjectivité des critères esthétiques, et donc d’affirmer le caractère spontané et naturel des critères esthétiques, et la nécessité de s’éduquer en art ?

[...]

Plan proposé

Partie 3

a

Il semble de prime abord que le rapport entre le spectateur et l’oeuvre d’art est un rapport personnel de contemplation de l’oeuvre, et donc de dialogue entre un spectateur et cette oeuvre.

b

Ce rapport s’établit ainsi sur le mode d’une subjectivité qui prend connaissance d’un univers artistique, et qui y adhère ou le rejette, en fonction de ses attentes et de ses goûts.

c

Le rapport à l’art est donc un rapport naturel et spontané, au regard duquel il semblerait bien impossible d’affirmer la possibilité d’éduquer aux goûts artistiques sans forcer la nature d’une personne.

Partie 2

a

Cependant, une oeuvre est toujours le produit d’un contexte, que ce soit l’époque qui l’a vue naître ou l’auteur particulier qui l’a créée. L’oeuvre ne manifeste donc pas n’importe quelle intention, n’importe quel message.

b

En outre, la connaissance de l’histoire de l’art et des différentes formes de création aide nécessairement à saisir la particularité d’une oeuvre.

c

Dès lors, il apparaît que la subjectivité peut être aidée dans sa façon d’aborder un tableau, de l’appréhender. Instruire la compréhension du tableau est donc un moyen efficace d’aider le regard spontané à accéder à l’oeuvre.

Partie 3

a

Il apparaît toutefois qu’une oeuvre ne se résume ni à son contexte historique, ni aux raison de sa création, puisque l’oeuvre traverse les époques et s’arrache à son auteur pour se donner à voir et à comprendre à des spectateurs les plus divers.

b

Instruire à l’art ne ferait en ce sens qu’induire une interprétation de l’oeuvre, alors même que sa richesse est justement de permettre les regards les plus différents, les dialogues les plus particuliers.

c

Dès lors, s’il convient d’éduquer le regard du spectateur, ce n’est pas tant pour lui imposer un sens que pour l’introduire à la diversité de l’art et à sa richesse. L’éducation de la sensibilité est donc une éducation du regard qui lui permet de trouver des voies d’interprétation et d’analyses qui, dans leurs résultats, restent toujours subjectifs et personnels.