Annales BAC 2005 - Être libre, est-ce ne rencontrer aucun obstacle ?

Partager sur Facebook Partager sur Twitter


L'analyse du professeur


La liberté semble correspondre intuitivement au pouvoir de faire ce que l’on veut. En ce sens, je ne me perçois comme libre qu’à la condition de pouvoir réaliser tous mes souhaits, sans que rien ne vienne s’y opposer. Cette définition commune ou enfantine de la liberté se heurte toutefois à une limite immédiate. Il apparaît clairement que cette définition théorique de la liberté ne correspond à rien pour un homme fragile, limité dans l’exercice de ses forces et dans les moyens de réalisation de ses désirs. En outre, cette définition ne prend pas suffisamment et clairement conscience de ce qui peut déterminer un homme à agir. Il ne suffit pas de pouvoir réaliser ses désirs pour être libre, dans la mesure où le fait de se trouver soumis à ses désirs semble bien plus négateur de liberté qu’un simple obstacle qui s’opposerait ponctuellement à la réalisation d’un désir particulier. L’affirmation implicite du sujet, qui identifie liberté et absence d’obstacle, est en ce sens paradoxale. S’il semble que la liberté ne puisse se concevoir qu’à la condition que celui agit puisse agir sans que rien ne s’oppose à la réalisation de sa volonté, il semble réciproquement insuffisant de borner la liberté à l’absence d’obstacles, puisqu’une telle situation n’existe jamais réellement et semble destiner à l’homme à n’être que l’objet de conditions déterminantes dont il n’a pas conscience.

[...]

Plan proposé

Partie 1

a

L’homme a la particularité de se distinguer de l’animal par les caractéristiques de sa conscience, qui lui fournit une analyse intelligente de ce qu’il est et fait. Au moyen de sa raison, l’homme est donc un être de projet qui se vit sur le mode de la liberté et tente de trouver les meilleurs moyens de se réaliser.

b

En ce sens, l’homme paraît n’être libre qu’en raison de sa capacité à triompher des obstacles qui se dressent contre la réalisation de ses volontés, et la conscience serait ainsi le moyen par lequel l’homme parviendrait à prendre la mesure de ce qu’il peut faire.

c

La liberté humaine serait donc une liberté consciente qui s’affirme comme pouvoir de triompher des obstacles qui se dresseraient contre celui qui veut réaliser ses projets.

Partie 2

a

Il semble toutefois que toute action humaine prend place dans des conditions matérielles contingentes face auxquelles la conscience reste impuissante, puisqu’elle ne peut tout connaître et tout prévoir.

b

Par ailleurs, il apparaît que l’exercice de la liberté est souvent au-dessus des moyens de celui qui souhaite réaliser ses projets. L’homme doit composer avec le monde tel qu’il est et ne peut vouloir l’impossible. cEnfin, il semblerait paradoxal qu’il n’y ait de liberté que sans obstacle, dans la mesure où cette situation hypothétique placerait l’homme dans un état de plénitude dans lequel il n’aurait plus de raison de vouloir et de d’agir. Une liberté totale correspondrait ainsi paradoxalement à une absence de raison d’agir.

Partie 3

a

Il semble ainsi nécessaire que coexistent liberté et obstacles, puisque la liberté de chacun ne peut se concevoir que comme un espace de délibération et de choix face à des options possibles.

b

Dès lors, il convient de formuler une nouvelle définition de la liberté comme capacité à évaluer les choix possibles, et à ne pas se laisser porter par le cours déterminé des évènements extérieurs. En ce sens, la liberté n’est pas indépendance mais autonomie, c’est-à-dire capacité à agir en connaissance de cause et de façon responsable.

c

Loin donc d’être une liberté pure de tout obstacle, la liberté de l’homme se comprend comme une capacité à évaluer les raisons d’agir, à mobiliser les moyens pour atteindre ses buts et à accepter que le cours des événement résiste à la réalisation de sa volonté.