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La liberté semble correspondre intuitivement au pouvoir de faire ce que l’on veut. En ce sens, je ne me perçois comme libre qu’à la condition de pouvoir réaliser tous mes souhaits, sans que rien ne vienne s’y opposer. Cette définition commune ou enfantine de la liberté se heurte toutefois à une limite immédiate. Il apparaît clairement que cette définition théorique de la liberté ne correspond à rien pour un homme fragile, limité dans l’exercice de ses forces et dans les moyens de réalisation de ses désirs. En outre, cette définition ne prend pas suffisamment et clairement conscience de ce qui peut déterminer un homme à agir. Il ne suffit pas de pouvoir réaliser ses désirs pour être libre, dans la mesure où le fait de se trouver soumis à ses désirs semble bien plus négateur de liberté qu’un simple obstacle qui s’opposerait ponctuellement à la réalisation d’un désir particulier. L’affirmation implicite du sujet, qui identifie liberté et absence d’obstacle, est en ce sens paradoxale. S’il semble que la liberté ne puisse se concevoir qu’à la condition que celui agit puisse agir sans que rien ne s’oppose à la réalisation de sa volonté, il semble réciproquement insuffisant de borner la liberté à l’absence d’obstacles, puisqu’une telle situation n’existe jamais réellement et semble destiner à l’homme à n’être que l’objet de conditions déterminantes dont il n’a pas conscience.
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